Après une sortie très remarquée en 2021 avec ‘’En annan värld’’, les suédois d’Agusa reviennent pour un 5e album, en pleine possession de leurs moyens. Dès les premières notes de ‘’Prima Materia’’, l’expérience et la virtuosité des musiciens se fait sentir et c’est parti pour 4 longues pièces d’un rock progressif des plus rétro. Il s’agit d’un album presque entièrement instrumental, quoique la seule pièce qui contient de la voix est sans parole. La flûte traversière est au centre de l’album et au cœur de chaque arrangement. Il serait tentant de les comparer à Jethro Tull, mais on est vraiment ailleurs; quelque part entre le contemplatif et l’énergie du 3e café de la journée. Nous sommes ici en contrée ‘’rétro’’, mais encore loin du pastiche. Laissez-moi donc vous guider à travers cet album qui saura certainement vous faire sourire.

L’album débute avec nul autre que ce que le groupe avait de mieux à nous offrir pour cet opus. La pièce maitresse ne se laisse pas désirer très longtemps et passe directement aux choses sérieuses avec une énergie déstabilisante. Les claviers et la flûte traversière occupent une place très importante dans les arrangements et on a l’impression que les musiciens s’échangent le rôle principal, comme si leur vie en dépendait, entre les différents mouvements de ce morceau de presque 15 minutes. Bref, un morceau très intense du début à la fin, qui saura réveiller l’intérêt du mélomane qui sommeille en vous. Après l’élan effréné de la première pièce, on se calme un peu les nerfs et on se dirige vers un morceau davantage axé sur la flûte traversière qui, aux premiers abords, semble plutôt légère, mais qui s’enflamme assez rapidement. Alors que nous pensions prendre une pause bien méritée, notre hôte nous annonce encore quelques zones de turbulences. Pour ce qui est de la troisième pièce de l’album, on retrouve un son différent du reste de l’album. En effet, Agusa expérimente avec des sonorités presque anatoliennes. Ces arrangements orientaux nous emmènent à arpenter les rues d’Istanbul, à la recherche de trésors enfouis entre les tentes du bazar. Le quatrième et dernier morceau de l’album est le seul qui contient quelques arrangements vocaux, mais l’album demeure entièrement sans paroles.

En somme, l’album n’arrive jamais à soutenir la grande qualité de la première pièce, mais demeure délectable du début à la fin. Ce disque demeure une importante sortie dans l’Univers du prog de cette année, mais celui-ci aura peut-être de la difficulté à se démarquer au sein même de la discographie du groupe. En ce qui me concerne, cette discographie maintient malgré tout son statut de ‘’sans faute’’, ce qui est tout à leur honneur après 5 albums d’un style si complexe à développer. J’en retiens que je dois absolument voir ce groupe en spectacle. Leurs élans instrumentaux me semblent tout à fait propice à un concert enflammé. Pour finir, je vous conseillerais principalement la première pièce, ‘’Lust och fägring (Sommarvisan)’’ et ‘’Ur askan’’; mais tant qu’à n'écouter que ces deux-là, profitez de l’album dans son entièreté, vous ne le regretterez pas. Bonne écoute!