CHRONIQUE / REVIEW
Roland Buhlmann
Emnaloc
Releases information
Release date:
July 11, 2022
Format:
CD, Digital
Label:
From:
Self Released
Suisse / Switzerland
Mario Champagne - October 2022
8,1
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
J’avais eu la chance de couvrir le travail de l’helvète Roland BÜHLMANN lors de son dernier album de 2020, intitulé « DUBNOS », et j’avais bien aimé ses panoramas sonores en multicouches où s’agitait musicalement la vision d’un homme qui pense différemment, mélodiquement par sections, mais sans la trame mélodique standard. Le revoici cette année, avec « EMNALOC », pour lequel il est compositeur, producteur, mixeur et illustrateur. Un musicien particulier car il donne à ses morceaux des titres sans aucun sens, basés sur des sons qu’il aime, et une musique très particulière que lui inspire sa vision d’un monde perçu dans le spectre autistique. Sa passion, c’est le Prog jazz fusion associé à des paysages sonores éthérés, une passion qu’il a sue partager en s’assurant encore une fois la collaboration de vétérans dont David CROSS aux violons, et Terl BRYANT aux percussions. Il a pu également obtenir de l’aide de la part d’amis italiens et d’Ondřej GLOGAR au carnyx, soit une trompette gauloise qui a l’allure d’une figure de proue de drakkar.
Le premier titre « Umiion » s’ouvre justement avec cette trompette, et cette proue de drakkar se métamorphose en sirène du Titanic dans le brouillard. Moment étrange et austère qui sombre en un clin d’œil vers un riff psychédélique urgent. Très cinématiques, ces enchainements rythmiques modernes qui se fondent avec aisance, avec occasionnellement du planning atmosphérique en court intermède. Par moment, cela ressemble à du MORTORPSYCHO croisé à du TANGERINE DREAM. On sent que le duo BRYANT- BÜHLMANN est bien rodé. Mais on peut en conclure une chose. Il sera impossible de se rappeler par où on est passé pendant ce morceau pour arriver à cette fin.
« Assailen » se montre beaucoup plus accessible, avec une guitare plus rock, une mélodie qu’il est possible de suivre. Encore très cinématique, avec des injections sonores qui arrivent de tous les côtés. Au niveau production, cela est très bien car on peut situer dans l’espace les différents instruments, lorsqu’on ferme les yeux. Les pièces sont instrumentales et longues car le monsieur est généreux de nature ce qui explique que la moyenne des titres a une durée de 9 minutes, avec des sonorités hors du commun. Il faut dire qu’il y va à rallonge en insérant dans les morceaux ses assemblages d’idée.
La grosse surprise c’est un titre à tendance bossa nova brésilienne, une délicieuse excursion dans cet assemblage expérimental Prog fusion qui nous est servi. « Sevamção » se savoure avec plaisir, même s’il détone stylistiquement d’avec le reste. Petit moment de bonheur assuré lorsque la trompette de Luca CALABRESE s’insère avec grâce dans ce titre. N’ayez crainte, cela demeure carrément moderne, la guitare électrique s’assurant de maintenir le lien avec le reste de l’album.
On passe ensuite en mode légèrement métal, je dirais même un petit peu « rentre dedans » à la DEEP PURPLE dans cette intro de « Rithnal ». Un morceau un peu répétitif dans l’ensemble, peut-être trop long pour rien. Mais au tiers de celui-ci, une nouvelle direction est prise, plus intéressante, avec le violon électrique de David CROSS, où l’instant devient un brin larmoyant et mélancolique, mais cela donne un beau contraste avec la rudesse du thème principal. Si on ouvre bien les oreilles, on est en présence d’un mur du son, car le vide n’existe pas, l’espace étant comblé de détails et de claviers programmés en boucles en arrière-plan. Finalement, on retrouve une attitude très hard rock dans cette pièce épique, qui jouit d’une séquence finale plus relax et rock classique.
« Yndrun » se montre plus atmosphérique, avec une entrée aérienne. On baigne dans la science-fiction, dans un monde surréaliste et exotique avec ses percussions dignes de la tribu qui appelle King Kong à son repas, grandiose avec sa trompette, profitant d’une montée en puissance singulière, on ne peut que se dire « Quelle atmosphère spéciale ! », entre rêve et balade dans la jungle, qui mute vers un mode plus « bluesy » avec les chagrins d’une trompette lancinante, et les vibrations dans les cordes cachées en arrière-plan qui résonnent comme des grosses cloches.
« Letarladoth » nait dans une boucle continuelle cristalline aux ondes vibrantes, en mode « New Age », jusqu’ ce que l’on ressente une évolution minime, un crescendo subtil, où s’ajoute à l’ensemble des boucles, de plus en plus d’instruments et de détails. Ensuite, la guitare lourde prend le commandement, pendant que les boucles hurlent de manière lancinante. Tout cela reste foncièrement aérien et majestueux.
« Berithlan » dans un autre style, plutôt industriel, associe écho de bruits et craquements, froid et glacial, ce qui fait qu’on ressent, sans le facteur humidex, facilement -50 C dans ce morceau-là ! Une guitare acoustique, celle d’Angelo LEBRATO, apporte un peu de chaleur pour rendre cela supportable, avant que ne s’alignent des répétitions de bruits en basse fréquence, comme des pinces de homards sous « speed », mais un bruit qui devient agaçant à la longueur, si vous êtes sensible aux basses fréquences. Ce titre m’a le moins plu. Après la calotte glacière, on apprécie avec ferveur, le retour de la chaude trompette dans « Emnaloc ».
Si vous êtes amateur de guitaristes instrumentaux aux univers très personnels comme Xavier BOSCHER et Mathieu TORRES, ceci devrait certainement vous plaire, quoiqu’ici nous sommes en zone beaucoup plus expérimentale. Je n’écouterais pas cela en boucles tout le temps. Je crois qu’il faut être dans un certain état d’esprit pour apprécier. Pour ma part, six titres sur huit m’ont bien plu, surtout quand la trompette réchauffait l’ambiance. Mais on ne peut que saluer ce travail de maitre qui nous amène constamment dans des contrées audibles inexplorées, dans un univers personnel où tout est permis, avec classe, dextérité et imagination. Pour ce qui est de la longueur des morceaux, peut-être qu’un format plus resserré pourrait, à mon avis, attirer plus d’auditeurs. Cependant, un voyage auditif qu’il faut tenter à coup sûr ! Titres préférés : « Sevamção », « Yndrun », « Letarladoth ». Bonne écoute !
PISTES / TRACKS
- 1. Umiion (7:36)
2. Assailen (9:22)
3. Sevamção (5:58)
4. Rithnál (10:45)
5. Yndrun (9:50)
6. Letarladoth (7:15)
7. Berithlan (7:29)
8. Emnalóc (12:22)
Roland BÜHLMANN - Electric and Bass Guitars, Aeon Sustainer, Voice, Synthesizer: Korg MS-20, Logic Software Synthesizers. Percussion: Cooking Pots, Oil Tank, Udu.
Terl BRYANT – Drums (1-6, 8)
Luca CALABRESE - Trumpet (3, 5, 8)
David CROSS - Violin (4)
Ondřej GLOGAR - Carnyx (1)
Angelo LEBRATO - Acoustic Guitar (7)
musiciens / musicians