CHRONIQUE / REVIEW
Tusmørke
Nordisk Krim
Releases information
Release date:
February 26, 2021
Format:
CD, Vinyl, Digital
Label:
From:
Karisma Records
Norvège / Norway
Mario Champagne - February 2021
8,3
TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !
Nous n’avions pas entendu parler de Tusmørke depuis leur dernière parution, « Leker For Barn, Ritualer For Voksne » en 2019, qui en avait laissé plus d’un perplexe avec ses ritournelles dignes de chants de maternelle. D’ailleurs, c’est à se demander si justement, il ne s’agirait pas là d’une niche que la formation souhaite occuper, puisqu’on se rappellera « Bydyra », l’album de 2017 avec son Prog pour enfants, qui lui était somme toute plus intéressant. La sortie d’un nouvel album de Tusmørke génère donc toujours des interrogations du genre : « Que vont-ils nous concocter cette fois-ci? »
On sait déjà que la même bande d’excentriques reste aux commandes, mais cette fois-ci, on retrouve en plus Åsa REE au violon, sur ce neuvième album chanté en anglais, sauf sur deux titres en norvégien, ce qui permettra du coup de rejoindre un plus grand auditoire. Tusmørke continue de produire un rock progressif à base de folk nordique, de bizarretés sonores avec une forte tendance psychédélique dans l’évocation de contes de fées sombres. Car la thématique est plutôt claire dans le titre même pour ceux qui ne parle pas norvégien. On parlera de « Crimes Nordiques », quelque chose d’anecdotique vue la faible criminalité des pays scandinaves. Mais il y a bien longtemps, dans les tourbières du Danemark, la police retrouva des corps noirs momifiés aux cheveux orange, lançant ainsi la crainte d’un meurtrier actif dans cette région, mais il s’agissait en fait des victimes volontaires et involontaires d’anciens rites funéraires, données en offrande aux Dieux, datant du huitième au premier siècle avant Jésus-Christ. Plus d’un millier de ceux-ci furent retrouvés dans des conditions de conservation exceptionnelle, laissant croire qu’ils étaient morts tout récemment. Le dernier disque de nos amis se veut donc hommage aux esprits des zones humides pour lesquels le vrai crime fut vraiment de les avoir dérangés dans leur long sommeil.
Au niveau musical, c’est franchement bien réussi, avec un son et un message destinés aux grands enfants nostalgiques de leur adolescence du siècle passé, car la bande de « Tusmørke », y est allé de mains fortes sur les claviers vintages et la flute, livrant un ensemble de pièces globalement très énergiques dans une ambiance très « sixties » et « seventies », avec un mur du son constant où les nappes de claviers « space rock » grondantes, vibrantes et ondulantes, se superposent au jeu martelé des percussions, à la vitesse du violon, et à l’espièglerie d’une flûte mutine. Étrange musique de « party » pour commémorer l’esprit des gens morts dans la tourbière, mais disons que c’est probablement leur pied de nez cynique à la mort. Mon idée de tout cela pour tenter de résumer l’ambiance sonore, et vous n’avez pas nécessairement besoin d’être d’accord avec moi, mais je dirais qu’on a droit sur cet album à du « Deep Purple » avec la flûte de Jethro TULL qui rencontre « The Dukes of Stratosphear » par son coté psychédélique avec ses chants incantatoires et ses bruits indescriptibles, dans un « party médiéval », ou sévissent des synthés à la « Hawkwind » dans un chaos bien organisé. « Black Incubation » est assez représentative de cette assertion généralisante.
L’ensemble démontre une somme de travail considérable au niveau composition et se démarque par sa recherche sonore pour se distinguer du tout-venant. Il arrive cependant que les solos d’instruments se perdent dans la masse, comme par exemple, la flûte sur « Mumia » qui aurait mérité un peu plus d’exposition. Se distingue, l’instrumentale « Dog Flesh », à la cacophonie organisée avec bruitages électroniques, en mode cinématique, délivrant une impression d’horreur dans cette somme d’instruments désaccordés, criant comme des bêtes des marais sous le rire d’enfants, partis sur un méchant « trip » atmosphérique « ambiant ». Une de mes pistes préférées, chantée en Norvégien, se trouve à être « Heksejakt » au rythme funky et déjanté, source de bonne humeur concentrée, au violon country, aux claviers disco, faisant penser aux œuvres « patchwork » farfelues de Beck HANSEN. Et pour les amateurs de longues épiques, « (The Marvellous and Murderous) Mysteries of Sacrifice » vous offre un autre aperçu de cette formation, en mode plus tranquille et lent, avec de nombreux développements stylistiques, avec un chant parfois hystérique mais très théâtralement orientée. On entend très bien la contribution musicale de chaque instrument tout au long de cette pièce moins étouffée par le mur du son qui faisait loi sur les autres titres.
L’album de la maturité ? En tout cas, il se démarque carrément des parutions précédentes, car la bande à Tusmørke a su se montrer ingénieuse en développant des titres énergiques, accessibles et captivants. En revanche, au niveau vocal, il faut quelques temps pour se familiariser avec celui-ci. Plusieurs écoutes seront aussi requises pour capter la somme des détails qui foisonnent, pour cette œuvre qui offre une excellente cohérence stylistique sur la longueur. Leur meilleur depuis belle lurette, et je crois qu’il mérite votre attention si vous ne connaissez pas Tusmørke. Ils s’amusent et c’est contagieux. Prenez note que cet album est disponible en formats numérique, double CD et double LP ; le vinyle étant limité à 666 exemplaires de couleur magenta transparent. 666 exemplaires ? Pourquoi que diable ? Bonne écoute !
- 1. Ride the Whimbrel (6:44)
2. Age of Iron Man (2:51)
3. Mumia (4:43)
4. Cauldron Bog (7:28)
5. Dog's Flesh (7:49)
6. Moss Goddess (15:25)
7. Black Incubation (12:47)
8. Et Moselik (4:28)
9. Heksejakt (3:56)
10. (The Marvellous and Murderous) Mysteries of Sacrifice (18:30)
PISTES / TRACKS
musiciens / musicians
Benediktator - Bass & Vocals
Krizla – Flute & Vocals
HlewagastiR - Drums
Haugebonden GODE GULLSTEIN - Keyboards
Åsa REE - Violin