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CHRONIQUE / REVIEW

Shamblemaths

Shamblemaths 2

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Releases information

Release date:

October 22, 2021

Format:

Digital, CD, Vinyl

Label:

From:

Apollon Records

Norvège / Norway

Mario Champagne - December 2021

8,4

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TRANSLATED REVIEW (GOOGLE TRANSLATE) BELOW FRENCH TEXT !

Un ami m’avait avisé qu’il s’agissait ici d’un album pour audacieux. Après quelques écoutes de cette déroutante et originale œuvre, je crois qu’on peut préciser en disant que celle-ci est taillée pour les amateurs d’éclectisme, nécessitant plusieurs écoutes pour adapter son oreille à ce croisement de sons « crimsoniens », de cuivres à la VAN DER GRAAF GENERATOR, de classique et de folk qui semblent tous issus d’une grande consommation de produits hallucinogènes. Mais l’instigateur principal de ce projet n’en prend probablement pas, étant professeur universitaire de mécanique des fluides mais on peut imaginer que sa musique résulte d’un besoin d’émanciper une créativité bridée par la rigueur d’une profession très carrée.

Les cerveaux responsables de ces envolées particulières sont Simen Å. ELLINGSEN et sa panoplie de saxophones, qui également écrit les textes, et Ingvald A. VASSBO en charge des percussions, un musicien à temps plein, également membre des formations KANAAN, JUNO et THE VERGE. Le but avoué de cette fine équipe est le suivant : « avoir un impact profond sur quelques-uns plutôt que d'être aimés par beaucoup ! ». Une volonté égoïste de se faire strictement plaisir sans répondre aux préférences des autres ! Peu importe ce qu’en pense les critiques. Vous êtes averti, pour eux c’est clair. Il en résulte un album sombre, lourd et compliqué qui ne plaira pas à tous, qui ne laissera pas tout le monde indemne, qui tentera de trouver son public après cinq années de gestation, et qui compte tout de même un invité de marque qui risque d’attirer les curieux, Paolo BOTTA, le fameux SKE, qui nous offrit cette année le superbe « Insolubilia ».

On a droit à un album doté d’une très forte cohésion, que je dirais conçu en quatre sections mais cela reste tout de même mon interprétation. La pièce d’intro qui signifie « L'ombre de la lune » nous initie au minimalisme des cuivres tristes et mélancoliques d’ELLINGSEN qui jurent avec le coup de masse chaotique de « Knucklecog » où les cuivres se lamentent comme des bêtes qu’on dépèce. Une atmosphère presque « bluesy » si ce n’était de l’intrusion systématique des cordes et du martèlement constant, car on baigne dans l’étrange et l’épique, entre les cassures de rythmes à la KC, les sons criards à la VDGG et l’étranglement de ballons typique des VIOLENT FEMMES. Bien que la démarche musicale soit impressionnante, le chant d’ELLINGSEN se noie souvent dans la masse comme camouflé, alors qu’en contrepartie, la jolie voix de Mme LONSTAD, ressort très bien. Problème de production ou façon de cacher certaines limites?

Vient ensuite, un peu comme aimait le faire ELP, une reprise d’une œuvre classique de 1960, du compositeur russe Dimitri Chostakovitch, soit les deux premiers mouvements du Quartet No. 8 in C minor, Op. 110, où on nous sert une adaptation massive passée dans le tordeur de la personnalité torturée du groupe où l’on reconnait bien l’œuvre originale qui ne fait pas du tout dans la jovialité mais sous leur égide, elle prend une dimension psychédélique apocalyptique. Ça grince, ça triture, ça vibre et ça se propage en déflagrations, et on se rends compte que le classique peut se faire dépoussiérer d’une manière incroyable.

On enchaine avec une suite en 9 parties qui raconte « Teia, la créature terrestre paresseuse », présentant une alternance de chant a capella où les voix féminines ont la part belle. Une très douce voix folk fragile nous enchante alors que s’installe une instrumentation vibrante hors normes, des martèlements improbables, des cassures surprenantes, du saxophone criard enragé et un xylophone furtif, offrant un genre de pièce classique moderne bien camouflée, avec un ton oscillant entre le cauchemar et la rêverie, ce dernier aspect étant évidemment le plus enchanteur. La suite sur cette thématique de « Teia » demeure tout aussi intéressante, variant du jazz lourd agrémenté de voix éthérées telles des harpies, au déchainement de « gazous » qui plaira aux fans de VDGG, de COMUS et d’AMORPHOUS ANDROGYNOUS. La dernière section de cette suite m’a beaucoup plus pour la prestation prenante de sincérité ressentie dans la voix du petit garçon avec une ambiance de fond pieuse qui fait penser à une musique d’église, livrant ainsi une conclusion tout aussi originale qu’inattendue.

Pour la dernière partie de cet album, « Been and Gone », un intermède instrumental qui ne lève pas vraiment, qui installe une ambiance mystérieuse, gore, qui pourrait bien s’inscrire dans la trame d’un film d’angoisse. Mais la surprise réside dans le dernier titre qui fait presque dans la normalité car plutôt accessible. « This River », commence avec un piano triste qui accueille la voix fragile et feutrée d’ELLINGSEN, qui n’est pas une grande voix, mais cela fait le job mais en duo, avec Mme LONSTAD, le mariage des tonalités est parfait. Vient le saxophone dépressif qui accompagne le chant de l’eau de la rivière qui file entre les rochers. Il y règne un court instant une ambiance de Jazz plaisante, avec des sections musicales émergentes qui rappelleront des airs connus d’ANEKDOTEN, supportée par une voix féminine qui vocalise dans la tradition de RENAISSANCE et de RUPHUS. C’est comme si une grosse locomotive à vapeur se mettait en marche, le saxophone est bien articulé, la multitude de sax énivre, maculant la trame de points de percussions cuivrées ce qui rend l’ensemble foncièrement mélodique et puissant, dans un déferlement de furie qui se calme avec l’arrêt de cette machine infernale pour sombrer dans une phase de chant plus intimiste. Je dois avouer que ces lascars sont venus me chercher avec ce dernier titre.

Que penser de cet album ? Doit -on crier au génie ? Presque ! C’est sûr qu’il faut être dans une certaine condition pour apprécier cet album au chaos déstabilisant et à l’ambiance sombre et mélancolique qui a tout pour le rendre très rébarbatif. Je dirais qu’on ne peut que s’extasier en tant qu’amateur de Prog devant le niveau de prise de risque et d’innovation à grands renfort de sons cuivrés, et la qualité des trop brefs passages chantés par ces dames et le gamin ! La complexité des compositions est évidemment à saluer car plusieurs relèvent de tours de force, livrées avec une instrumentation inhabituelle qui libèrent des sonorités que vous ne retrouverez pas souvent ailleurs. Libérés des contraintes inhibantes de vouloir plaire, ces musiciens ont indubitablement retrouvé la voie empruntée par les pionniers du Prog des années 70, résultant en un Opus fort, rageur et doté d’une personnalité hors du commun. Titres préférés ; « Knucklecog » et « This River »

    1. Måneskygge (1:04)
    2. Knucklecog (9:56)
    3. D.S.C.H. (8th String Quartet in C minor, Op. 110, movements 1 & 2) (6:23)
    4. Lat Kvar Jordisk Skapning Teia parts 1-4 (6:36)
    5. Lat Kvar Jordisk Skapning Teia part 5 (5:38))
    6. Lat Kvar Jordisk Skapning Teia parts 6-8 (3:43)
    7. Lat Kvar Jordisk Skapning Teia part 9 (2:17)
    8. Been and Gone (2:12)
    9. This River (9:04)

PISTES / TRACKS

musiciens / musicians

Simen Å. ELLINGSEN - Soprano, Alto, Tenor and Baritone Saxophones, Electric and Acoustic Guitars, Soprano Recorder, Tin Whistle, Vocals, Whispers, Sax Samples, Occasional Keyboards
Ingvald A. VASSBO – Drums & Xylophone
Eskild MYRVOLL - Bass Guitar
Paolo BOTTA - Keyboards (4,5,6)
Eirik Ø. DISCHLER - Keyboards (2,3,9)
Marianne LONSTAD - Vocals (2,9)
Anna GAUDSTAD NISTAD - Vocals (4,6)
Pia M. SAMSET - Vocals (3,5)
Leon LI - Bassoon (4,6)
Eivor Å. ELLINGSEN (age 6) - Vocals (7)
Michael Francis DUCH - Double Bass (7,8)
Morten A. NOME - Double Bass (1)
Ask VATN STROM - Guitar Cameo (6)
KANAAN Band - 15 seconds performed by this band on track (6)

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