BARO PROG-JETS est le nom du multi-instrumentiste italien BARO, exposé depuis des lustres au rock aventureux des dinosaures. Cela l’a conduit à vouloir apprendre à jouer, à chanter, à composer dans LA SINTESI, puis dans MARYGOLD, groupes italiens où les sons avaient des traces de YES et de KING CRIMSON, et ce durant les années 80. Il sort l’an dernier un opéra rock qu’il avait composé il y a plus de 20 ans; fin d’un rêve avoué qui lui permet ainsi de pouvoir sortir ce projet récent. Il pose ici un rock RPI avec des lignes musicales sentant bon les effluves progressifs de ce que son cerveau a pu enregistrer durant de longues années. Bref, plongeons-nous dans son utopie musicale.

« Non Sento » pour un titre chanté en italien; du néo sur une chanson de son groupe antérieur LA SINTESI fermant de fait la page, un titre pop prog accrocheur ‘’radio edit’’ AOR comme j’aime à le dire avec refrain, chœurs et un petit solo, air léger sans trop de contours. « Utopia » pour une suite complexe baignant dans l’univers des FLOWER KINGS, sonorités diffuses où les tiroirs s’ouvrent et se ferment de manière récurrente au rythme des airs et des instruments, vers les 6 minutes on part sur les longues steppes musicales de YES, le tout sur une histoire de tournoi du moyen-âge sournois et trafiqué où le chevalier va l’apprendre à ses dépens; la part belle revient ici aux différents claviers insufflant une énergie et une mélodie à ce titre; titre qui baigne bien dans les 70’s. Un long titre qui vaut plusieurs écoutes pour en sortir les ramifications, signe du RPI de base.

« Phase I (Set Your Body Free) » avec claviers pour parler du dépassement de la douleur et de la maladie, le son avec des réminiscences syncopées jazzy, d’autres mélodiques et progressistes, la guitare devenant tortueuse par instant; je ne peux que citer MAGELLAN, un peu CAIRO pour la technique et les envolées, ce qui nous envoie bien aux 80’s. Les synthés repartent à la charge pour la fin, la batterie donnant du pad énergique. « Phase II (Set Your Mind Free) » arrive avec l’association voix limite a capella et une guitare acoustique puis incorporation de synthés divers, orgue et piano, d’une guitare andalouse, de claviers virevoltants; à noter le son RPI classique avec cette base piano; j’y retrouve un peu des anciens JESTER’S JOKE, le son part sur un creuset de deux décennies avec une tonalité plus sombre au fur et à mesure que le titre avance, un son majestueux par instant avec des tiroirs voix-piano simplissimes. Pour l’histoire le voyage de la pensée se heurte à la dure réalité et s’emprisonne dans un jardin de fer; YES revient en rythme, la guitare torturée me ramène à GENESIS voir à KING CRIMSON.

« Runaways » ou le melting-pot musical, une pièce nerveuse, enjouée, des tiroirs à n’en plus finir, des atmosphères, des breaks, des circonvolutions qui emmènent très loin et qui demandent une attention soutenue à décortiquer ce monde musical imaginaire dans lequel vous risquez de tomber; à noter un solo de guitare renversant, un autre d’orgue à fondre, du synthé rythmique et une batterie bien en place qui te fout par terre, bref le morceau de l’album avec relents yessiens du plus bel effet, un YES des 80’s et des 90’s à la sauce MAGELLAN.

BARO PROG-JETS, après 40 ans à baigner dans le rock prog, sort donc cette pièce utopique comme un voyage musical sur la violence et la tromperie; la musique est progressive, complexe et architecturale, semblant monter un édifice de notes et de sons RPI; le piano toujours en avant, un côté symphonique baigné de YES pour les orgues, du PFM, un zeste des JADIS; une chose est sure, c’est varié et ça part un peu dans toutes les directions, à croire que le ‘chenapan’ avait beaucoup à dire depuis ce temps. Du RPI inventif, classique et frais à découvrir.