MASTORD nous propose son troisième album depuis sa naissance en 2016. "Lemmon Lintu» (v.fr. "Oiseau Citron", bon c'est étrange!) fait suite à « Trailof Consequence » de 2019, et à « To Whom Bow Even the Trees » de 2021, tous deux chantés en anglais. Un album aux onze plages relativement courtes, qui s’enchaînent, avec cinq intermèdes instrumentaux et six chansons interprétées dans la langue du pays cette fois-ci, qui tout comme sa pochette sombre traite d'une thématique morbide, celle d'un homme qui suite à son décès se réincarne en corbeau. Joli programme!

Musicalement parlant, les fans de claviers HAMMOND et de synthés devraient y trouver leur compte, sachant qu'ils tergiversent avec de très bons riffs de guitares bien dosés qui s'entrelacent avec ceux-ci, appuyés par des percussions riches aux tempos changeants et variés, entre passages mélodiques et sections plus élaborées et "punchées". Les deux albums précédents faisaient plus métal progressif à la sauce DREAM THEATER, QUEENSRYCHE et HAKEN. Mais sur cet album, ils ont mis la pédale douce, avec un son plus modéré, plus accessible, entre métal et hard rock, moins exubérant, tout en retenue pour se concentrer sur le transfert de charge émotionnel.

J'ai énormément apprécié l'ensemble des passages instrumentaux imprégnés en filigrane d'un mysticisme folklorique et d'une classe symphonique pleine de tristesse, les percussions recherchées, comme dans les deux dernières "Sametti" et "Pyhä" qui sortent du lot, avec des fredonnements plaintifs et des lamentations dans cette dernière. Accompagnant la belle voix puissante du chanteur, il y a aussi les discrets chœurs féminins qui viennent hanter certains passages. La palme progressive revient à "Varjoton", la plus lumineuse de cet album avec son intro explosive aux claviers. Globalement, un album très intéressant, malgré la barrière linguistique qui s'écoute comme une longue pièce unique. Bonne écoute!