THE SWAN CHORUS, c’est un groupe de néo-prog britannique que je découvre. Il fut fondé en 2010 par, entre autres, deux membres de MAMA, groupe hommage à Genesis. L’album dont fait l’objet cette chronique, « You’re Despicable », est leur troisième. Cependant, pour la première fois, les deux membres de MAMA, soit le chanteur John WILKINSON et le bassiste Dave JONES, sont absents sur cet opus, pour des raisons de non-disponibilité. Donc sur ce troisième album, deux autres personnes font à peu près de tout : composer, chanter, jouer de tous les instruments, et produire. Il s’agit de Colin MCKAY et David KNOWLES. Ces deux gars avaient également composé toutes les chansons des deux premiers disques et y avaient joué. Mais cette fois, ils font presque tout à eux seuls, étant seulement accompagnés de plusieurs voix aux chœurs. Et c’est MCKAY qui remplace WILKINSON comme voix principale; laissez-moi vous dire qu’il joue ce rôle à merveille, une jolie voix qui se marie très bien au style musical du groupe. Parlant de style : on est dans la catégorie néo-prog / prog-pop. Et malgré le fait qu’on est en environnement « groupe hommage à Genesis », le style de SWAN CHORUS ne ressemble en rien à GENESIS (pas plus celui de l’ère GABRIEL que celui de l’ère COLLINS). La voix de MCKAY non plus n’y ressemble pas.

Les quatorze courtes chansons sur cet album (la plus longue fait à peine 7 minutes) ont été composées entre les années 70 et aujourd’hui, certaines remontant à l’époque du groupe ACHILLES, fondé dans les années 70 par MCKAY et KNOWLES. Sur la première pièce, « The Upside of Down » (8/10), la basse mélodieuse donne le ton à un album prog-pop, avec ici des chœurs et des claviers qui donnent un effet symphonique. La transition au milieu du morceau se réalise sur des sons de claviers qui suivent un rythme rappelant le tic-toc d'une horloge. Oui, les claviers seront au centre de cet album! « Got Religion » (9,5/10) est une de mes chansons préférées de l’album. Début joyeux, comme si c'était le début d'un spectacle de cirque, avec l'orgue et les applaudissements. Mais on comprend ensuite en écoutant les paroles qu'on vient peut-être plutôt d’arriver à la messe et non au cirque! Cette pièce prog-pop est un véritable délice, un ver d’oreille, et rappelle un peu DEER HUNTER. Les savoureux chœurs accompagnent la voix principale dès le début, puis de façon encore plus admirable dans le refrain, surtout dans le dernier. L’orgue Hammond ajoute une belle touche à ce petit chef-d’œuvre musical, simple, mais efficace, et super entraînant! Enchaîne une autre excellente chanson, « Estus Pirkle Night » (9/10). Qu’est-ce que « Estur Pirkle ». Ou plutôt, qui est-il? C’est un preacher qui a écrit et joué dans quelques films dans les années 70. Le début, instrumental, est plus complexe que les deux pièces précédentes, et la pièce offre des variations de tempo intéressantes. La voix de MCKAY convient parfaitement au style musical de ce morceau, et la basse y est excellente. On se retrouve ici parfois en territoire PATTERN-SEEKING ANIMALS.

De jolis claviers sont omniprésents dès le début de « It's Not The End Of The World » (9/10), puis la basse prend de plus en plus de place, donnant l'impression qu'elle accélère, même si ce n'est pas le cas; c'est résolument prog. Puis c'est l'éclatement, les riffs de guitare électrique fusionnant avec tous les autres instruments: c'est mélodiquement parfait. Un ralentissement, une voix distorsionnée, puis on repart : un morceau très entraînant, rappelant un peu FLYING COLORS, les claviers occasionnels venant appuyer l'excellente ligne rythmique. Le milieu de la pièce rappelle certaines pièces instrumentales de Steve HACKETT sur ses albums prog, avec le clavier envoûtant (clavier, clavier, clavier… je vous avais avertis dès le début!). « Space Force » (6,5/10) nous offre quelque chose de différent et original, avec un début qui frôle le Moyen-Orient, des claviers « space » science-fiction, qui rappellent encore ici un peu HACKETT. Mais le court refrain y est moins inspiré que le reste de l’album. Du piano et de jolis chœurs féminins introduisent « Little Fools » (8,5/10), alors qu’un peu plus loin dans la pièce, un peu de chant, de guitare et de claviers introduisent une tout autre mélodie: c’est une jolie pièce pop, qui contient un superbe refrain avec les claviers qui répondent au chanteur en arrière-plan.

« You'll Never Get To Boston » (8,5/10) comporte un début semblable à la deuxième pièce, avec l’ambiance de cirque et les applaudissements. Le groupe nous offre ici une ballade « countryesque », sur un rythme en trois temps, avec des chœurs extrêmement efficaces tout au long de la pièce. « World In Action » (7/10) évoque un Peter GABRIEL oriental, ou « musique du monde ». Après « Watching » (7.5/10), on nous sert « The Dragon Who Swallowed The Sun » (8/10), alors qu’on a l'impression de plonger dans une histoire, dans un film. Symphonique, grandiose, dans le style DEER HUNTER; une pièce trop courte! Dans « The Devil In ABQ » (7,5/10), le diable dans cette pièce fait suite au dragon dans la précédente. ABQ? C’est le diminutif de la ville Albuquerque au Nouveau-Mexique. Un début country/western avec « steel guitar » et harmonica, des cuivres vers le milieu, le tout légèrement country et funky. Le groupe nous demande ensuite de rester « Open Minded » (6/10), alors oui, je resterai l’esprit ouvert: malheureusement, c’est pour moi la pièce la plus faible de l’album, avec une mélodie ordinaire, malgré le saxophone et une belle introduction sous fond de rythmes orientaux rappelant le « No Self Control » de Peter GABRIEL. Heureusement, on assiste à un retour en force sur l’avant-dernière pièce, « Blame On You » (9,5/10), un morceau pop fortement agrémenté de claviers sur un rythme simple, mais mélodiquement très accrocheur et entraînant; une pièce qui rend de bonne humeur! Puis finalement, la quatorzième et dernière chanson, « What The Butler Saw » (7/10), offre une belle progression rythmique, mais un refrain plutôt simple et répétitif. Je dois toutefois avouer que la dernière partie du morceau me plaît de plus en plus d’écoute en écoute, avec le clavier qui ajoute une mélodie complémentaire à la principale.

Une production impeccable alimente « You’re Despicable », cet album prog-pop aux mélodies joyeuses et aux airs de printemps, très bien interprétée, avec claviers et chœurs au premier plan. Je me promets d’écouter bientôt les deux autres albums de THE SWAN CHORUS, car s’ils sont de même qualité que celui-ci, ces moments d’écoute seront très agréables pour moi!