L’amour ne passera jamais. Ces paroles sont attribuées à Saint-Paul mais, religion mise à part, comment ne pas les faire siennes. Célébrer l’amour, que ce soit par la littérature, la chanson ou par une façon de vivre telle la génération « peace and love » est certainement préférable à la culture guerrière ou haineuse. La musique et les paroliers célèbrent l’amour depuis la nuit des temps. Quand un groupe choisit un nom comme THE FLOWER KINGS, on se doute bien que ses membres font partie des partisans de la paix et de l’amour. Le groupe a d’ailleurs offert l’excellent album double « Flower Power », entonne régulièrement « Church of your Heart » lors de ses spectacles et « Love Supreme » reste encore une de leur excellente suite pour ne donner que quelques exemples. Alors que le groupe est dans une phase très productive, quoi de plus normal que d’intituler simplement leur nouvel album, « Love ».

Il s’agit du cinquième album en six ans. Il faut retourner aux premières années du groupe, fondé en 1994, pour trouver une production plus importante. Une fois encore, le groupe se montre généreux avec douze nouveaux morceaux pour soixante-dix minutes de musique. Ne cherchez pas une longue suite. « Numbers », la plus récente, date de 2012 sur « Bank of Eden ». Cependant, deux excellentes pièces dépassent les dix minutes, « The Elder » et « Considerations » alors que les autres se situent entre deux et huit minutes. On retrouve les trois vétérans que sont, ROINE STOLT, fondateur, guitariste et chanteur, HASSE FRÖBERG, chanteur et MICHAEL STOLT à la basse et au chant. Depuis 2019, MIRKO DEMAIO est le batteur attitré et LALLE LARSSON officie maintenant aux claviers. Il s’agit d’un collaborateur de longue date de ROINE STOLT, notamment avec AGENTS OF MERCY et KAIPA DI CAPO. Pour enrichir la palette sonore, on retrouve quelques invités. Il y a notamment le percussionniste HASSE BRUNIUSSON, un autre vieux complice de ROINE STOLT. Imaginez un peu, il a joué de la batterie et des percussions sur son tout premier album, « Fantasia », et ce, en 1979. Pour un troisième album consécutif, on peut entendre la voix de JANNICA LUND.

Une des caractéristiques des FLOWER KINGS est le partage du chant entre STOLT et FRÖBERG. Cette double présence depuis « Retropolis » confère une personnalité distincte au groupe qui ne se gêne pas pour utiliser les diverses variations possibles. Que ce soit le chant l’unisson, le partage des couplets dans une pièce donnée ou encore la responsabilité complète d’une pièce. Chaque chanteur apporte sa touche distinctive et le son du groupe y gagne en diversité et en possibilités. À l’instar du précédent album, « Look at You Now », MICHAEL STOLT complémente cet aspect du groupe. En effet, on peut l’entendre chanter sur la pièce finale, « Considerations », qu’il a d’ailleurs composé. Je rappelle aussi qu’il était le chanteur en titre pour KAIPA DI CAPO.

J’ai abordé l’aspect du son FLOWER KINGS sur ma chronique de « Look at You Now » et je ne crains pas de le dire une fois de plus, les amateurs du groupe retrouvent les musiciens en pleine forme et frappant le cœur de leurs cibles musicales. Celles que l’on connaît bien et que l’on aime tant. J’encourage chaleureusement ceux qui suivent moins le groupe aujourd’hui à bien tendre leurs oreilles sur ce nouveau geste d’amour qu’est « Love ». Le son est familier mais il faut souligner la cohérence, l’heureuse succession des pièces et l’agréable flot musical qui nous transporte aisément dans l’amour de cette musique et la beauté des douze compositions du groupe.

Je ne ferai pas une description détaillée de cette heure et quelques de très bonne musique. Cependant, je souligne avec plaisir quelques-uns de mes coups de cœur. Ainsi, dès le départ, « We Claim the Moon », nous plonge dans un bon rock qui fleure bon les années 70. Le rythme est entraînant à souhait. Le jeu de guitare de ROINE STOLT, riffs et solo est réjouissant. L’évidente inclinaison rock est soigneusement assaisonnée d’influences progressives comme de nombreux morceaux rock de cette époque savaient proposer. La suivante est un bijou du groupe. Les quatre principales vedettes sur « The Elder » sont les voix de FRÖBERG et STOLT, le piano de LARSSON et la mélodie qui ne cesse d’enchanter tout au long des onze minutes. En bonus, il y a tout un solo de STOLT. Un régal ! Les FLOWER KINGS savent proposer des pièces belles et touchantes. Je pense à « The Road Back Home », « What if God is Alone » ou « Church of your Heart »pour donner quelques exemples. « How Can You Leave Us Now » est de cet acabit. Un morceau qui éveille nos sensibilités sur une noirceur à venir, sur la perte ou l’absence. Piano, basse, voix, mélodie et guitare électrique bercent notre écoute.

« Burning both Edges », la quintessence florale avec le chant de FRÖBERG, les claviers de LARSSON, mellotron et synthétiseur, et la guitare hautement expressive de STOLT. Tout est dit ! Je ne peux pas passer outre à « Love is » pour son sujet et ses références à l’amour, bien sûr, et aussi à « How Can You Leave Us Now ». Et aussi pour sa musique. Un morceau avec une touche des BEATLES il me semble, et évidemment avec ce que les FLOWER KINGS font si bien en musique, les voix, la mélodie, les petites touches qui enjolivent et cette guitare de haut niveau. On ne dira jamais assez les qualités de ROINE STOLT sur son instrument de prédilection. Un morceau court et efficace qui fait partie de ceux que j’aime le plus sur « Love ». Le seul début de « Considerations » mérite de passer par votre cœur et vos oreilles. Mellotron en tête avec une solide rythmique et encore cette guitare qui se fait remarquer. Le chant de MICHAEL STOLT apporte une touche de différence, le texte porte l’espoir que l’amour peut offrir. Musicalement, tout est en place. Les claviers de LARSSON sont à point, la basse claque bien, le jeu et les roulements de DEMAIO ponctuent un morceau qui s’inscrit dans ceux qui comptent pour le groupe. Si une année mérite de l’amour, c’est bien celle que nous vivons. Si un album mérite votre cœur c’est celui-ci car les FLOWER KINGS ne passeront jamais.