TFNRSH est un trio de rock progressif psychédélique et post rock instrumental issu de Tübingen, en Allemagne, qui se produit depuis 2020. Je ne sais pas du tout comment prononcer ce nom de groupe sans voyelle, mais il s'agit ici de leur second album qui fait suite à « Tiefenrausch » de 2023. Ce dernier nous donne franchement des indices sur leur réelle dénomination, lorsqu'on enlève les voyelles. Cela voudrait dire "Deep Rush" ou si vous préférez "Ruée profonde" en français.

Un opus excellemment produit, au son impeccable par moments, sauf en mode saturation extrême, qui ne contient que quatre morceaux relativement longs, qui devraient plaire aux fans d'ELDER, de TOOL et The SPACELORDS, mais en moins psychédéliques et moins hypnotiques, cependant dotés d'une grande finesse au niveau des compositions sophistiquées, avec la présence de deux claviéristes, qui contribuent aux ambiances électro "ambient". Un album puissant et sombre, atmosphérique, au rythmes complexes, qui offre un contraste saisissant avec son prédécesseur de 2023, qui était plus mélancolique et lumineux.

Le premier titre, "Zemestån" mélange des vagues de clavier électronique, et des pincements de cordes répétitifs en mode "stoner", offrant une progression lente très accessible, qui atteint éventuellement une puissance très (trop ?) saturée. L'idée de la courbe de clavier oscillante en arrière-plan a son charme, alliée à des épanchements brutaux sur les fûts qui ne chôment guère. Le tout est entraînant sur les grosses caisses, avec des sonorités qui se révèlent vraiment intéressantes quand il n'y a pas de guitares saturées. Une belle carte de visite pour s'initier à ce trio.

"WRZL" nous offre un début très abrupt et lourdaud, du pur "stoner", avec un intéressant usage des claviers qui jasent entre eux, comme s'ils imitaient le chant des baleines. Pièce intéressante pour la batterie dynamique, dans un titre où l'on varie les ambiances dans un format cinématique. Les changements de rythme et de direction offrent des petits moments exceptionnels qui ravissent, qui excitent quand le son est rugueux, ouvrant la porte à des montées en puissance où la guitare fait flèches de tout bois !

Je vous avais parlé d'un album entièrement instrumental, mais en fait, dans "Zorn", une proclamation gutturale en allemand lance la pièce. Celle-ci prend un tiers de la plage, mais on ne saura pas de quoi il en retourne car je ne suis pas un expert de la langue de Goethe. L'ambiance y est planante, devient post rock monumentale et explosive, restant mystérieuse et déterminée, soit une démonstration plus brutale, aux riffs répétitifs dans une progression lente mais virile et efficace.

"Ammoglÿd" est quant à moi le morceau le plus intéressant de cet Opus, pour sa propre personnalité, qui nous amène en dehors des comparatifs avec d'autres groupes. Ouvrant sur une tempête, où la pluie crépite, sous les hululements du vent et la colère du tonnerre, suit une pièce plus calme où les instruments en symbiose génèrent de belles émotions douces-amères, de la mélancolie qui scintille grâce aux délicates cordes déployées.

Globalement, il en découle un album aux pièces épiques rageuses, puissantes et modernes, qui combine pertinemment et avec aisance plusieurs influences variées tout en alternant le rythme entre frénésie dynamique et soutenue et moments de grâce plus sereins où se révèlent des passages délicats et intelligents vraiment plaisants. Titres préférés : "WRZL" (ils sont allergiques aux voyelles !) et "Ammoglÿd". Bonne écoute !