Steven WILSON, artiste hors-pair que l’on pourrait qualifier d’HPM si l’on avait à inventer le terme (Haut Potentiel Musical ?), ou en tout cas génie musical, a pu nous enchanter tout au long de sa déjà longue carrière solo (hors PORCUPINE TREE) et projets musicaux parallèles tels BLACKFIELD, NO-MAN pour ne citer qu’eux. Depuis quelques années, ses choix délibérés de s’éloigner de ce qu’il sait fait de mieux, comme le rock prog, en parsemant ses dernières productions d’électro (« The Future Bites » (2020) » ou de sonorités disco (NO-MAN – « Love You To Bites » (2019)) ont sans nul doute déstabilisé voire déçu ses nombreux fans.

Steven WILSON ne nous laisse jamais indifférent et peut nous surprendre toujours musicalement là où on ne l’attend pas, ou plus. La tendance à revenir à ses premiers amours musicaux se faisait déjà pressentir sur son très bon dernier album « The Harmony Codex » (2023), mais pas encore réellement totalement…Envie de reprendre le pied à l’étrier de la mouvance dite progressive ou besoin de rassembler à nouveau ses brebis égarées ou perdues par des choix musicaux antérieures perturbant son auditoire traditionnel ? Peut-être un peu des deux. Une certaine prise de risque aussi, comme cet artiste a souvent pris l’habitude, car les deux longues plages (pratiquement plus ou moins 20 minutes chacune), assez caractéristiques étant donné leurs durées propres au rock planant des 70’s, ont peu de chance de passer entièrement sur les ondes !

Le thème général s’oriente sur l’espace et l’univers comme ce fut déjà le cas déjà sur « The Sky Moves Sideways » (1995) au sein de PORCUPINE TREE : la première partie «Objects Outlive US » fait nettement référence au courant cosmic rock 70’s ou space rock tels HAWKWIND et new-age comme TANGERINE DREAM, et aussi pour notre plus grand plaisir, avec des rappels duo piano/guitare comme sur l’excellent « Raven That Refused To Sing » (2013), et se terminant par un beau solo guitare du comparse Randy Mc STINE (IN CONTINUUM) aux effluves « crimsoniennes ».

La suite et seconde partie « The Overview » s’apprécie comme une longue B.O de film SF : vous avez dit « 2025 : Odyssée de l’Espace » ? Qui sait … !? Une voix parlée (Rotem WILSON épouse de Steven … comme HAL au féminin), et quelques percussions électroniques ou samples, nous invite à ce voyage auditif…spatial. Le long solo final (mini-Moog) du fidèle claviériste Adam HOLZMAN, s’étirant pas notes espacées, et se clôturant par un saxo céleste joué par Théo TRAVIS (SOFT MACHINE, THE TANGENT) comparable à l’instrumental « Tara » de ROXY MUSIC, ajoute à l’effet planant de l’ensemble. Mention spéciale aussi aux batteurs Russell HOLZMAN (fils d’ADAM) et Craig BLUNDELL (KINO, FROST*, PENDRAGON) très techniques et jouant à la perfection tout au long de l’album.

Le nouvel album de Steven WILSON est à n’en pas douter une réussite, mais il vous faudra plusieurs écoutes pour le savourer pleinement et en déceler le moindre détail. Un dernier conseil : écoutez-le en priorité au casque dans le noir pour une immersion totale … comme pour le sublime « Echoes » de PINK FLOYD : voyage garanti.

PS : pour information, l’album existe aussi en format Blu-ray, coffret 2 CD/Blu-ray (Deluxe Edition : versions titres isolés de chacune des deux parties sur le 2ND et alternatives), et CD SHM-CD (Japon).