En regardant au-delà de notre planète progressive, il y a tant d'étoiles miroitantes à admirer. Certaines sont des comètes flamboyantes, ici aujourd'hui puis disparues à jamais, parmi des planètes colossales qui maintiennent majestueusement leur orbite, puis à l'occasion, nous découvrons un pulsar scintillant qui émet des ondes radio à intervalles réguliers, transmettant des messages sonores enchanteurs. C'est ainsi que j'imagine cet artiste unique de la Suisse, qui en est maintenant à son septième album, chacun étant une perle expérimentale, proposant des excursions mélodiques luxuriantes qui plaisent à l'oreille, défient les sentiers battus et, finalement, servent à apaiser l'âme. D’ailleurs, « Gapvis » est l'anagramme de la première lettre de chaque morceau, petit malin !

Le rideau se lève sur un miroir sonore retentissant de pertinence sur « Genuine », une incursion captivante de collisions douces, pourtant honnêtement audacieuse, galvanisée par un solo rutilant qui brûle un moment et se dissipe dans un brouillard indistinct, sans oser lorgner vers des sons les moindrement stridents.

Plongeant dans la forme la plus profonde d'exploration introspective, les 11 minutes de la pièce maitresse « Autistic » apparaît comme un exercice de défi, où des fils électriques mécaniques sont garnis d'accoutrements acoustiques du Moyen-Orient, glissant dans de brefs groupes de tactiques de scie circulaire, un grondement de basse belliqueux et une impression certaine d'une intensité au-delà de la norme qui récompense l'auditeur curieux. Parfois résolument éclairant comme virant dans des domaines cacophoniques qui déconcertent l'esprit, rien n'est jamais gratuit ou superficiel.

Des horizons détendus apparaissent sur le diaphane « Perception », un titre subtil qui impose un sentiment insaisissable d'hypnose, augmentant inexorablement en intensité lorsque nécessaire. Il y a un mécanisme cristallin, presque à la Kraftwerk en jeu, peut-être palpable par le biais des percussions cliquetantes et les motifs de guitare acérés, un solo de lead soudé qui couronne le tout.

Une autre pièce épique qui s'étend au-delà de la barre des 10 minutes, « Views » est plus dure, parfois infectée et inébranlable, un peu comme le monde enragé dans lequel nous vivons actuellement. L'incision de la guitare en vagues est comme un cauchemar de plus à gérer, un réveil qui montre une grande variété d'ambiances changeantes, à savoir la section acoustique somptueusement bridée. Le frisson se transforme en un cataclysme sonore assez agité, un tourbillon de notes qui s'entrechoquent et de décalages qui maintiennent l'auditeur sur ses gardes. Cela pousse vraiment l'enveloppe plus loin vers l'inouï et l'inconnu.

S'entrechoquant le long du chemin silencieux qui mène à « l'intérieur », l'inspiration s'étend au-delà de la pâleur, avec une dédicace à la méditation doucement agressive, résonnant profondément dans les cavernes de l'âme. Des rafales chatoyantes, des paillettes scintillantes et des paysages sonores chancelants se combinent pour projeter l'œuvre en direction d’un monde intime que chacun interprétera à sa guise. Un vortex de guitare en tire-bouchon met fin au processus.

Des ruminations de kalimba et de guitare oblique s'unissent sur « Secrets », un voyage obsessionnel enveloppé d'interjections rythmiques alambiquées, une abondance de percolations percussives et d'un sentiment de désespoir pourtant contrôlé, qui impressionne au-delà de simples mots. Il n'y a aucune prévisibilité affichée, rien de tranquillement insipide ou ambiant, mais nettement séduisant et sans relâche, créé et joué par un artiste des plus originaux qui défie toutes comparaisons.

Roland se tient bien lointain des normes classiques du prog néo ou symphonique, osant outrepasser les conventions parfois trop étroites de ce style, en forgeant une œuvre des plus honorable.