Si vous avez une bonne mémoire, Jean-Pierre LOUVETON brillait au sein du groupe de rock progressif français NEMO (le line-up du présent album est d’ailleurs composé du batteur Jean-Baptiste ITIER). JPL, en carrière solo, nous offrait de nombreux albums (quasi un par an) dont son triptyque « Sapiens » qui avait reçu de belles critiques.

Aujourd’hui, il sort d’un « Coma » de 3 ans (c’est juste un clin d’œil car l’opus est sorti il y a dix ans cette année) pour nous offrir son 12e album « Post-Scriptum » dont l’artwork est signé par le célèbre Stan-W DECKER : une pochette surréaliste (qui me fait penser au « Waiting for Miracles » de THE FLOWER KINGS), et qui se révèle comme un puzzle des thématiques abordées du précédent opus de JPL : le prolongement des concepts autour de l’humanité et des questions de société.

Les sept titres proposés sont résolument progressifs avec une dimension symphonique que l’on retrouve au sein notamment de « Les fantômes » offrant une belle ambivalence entre classicisme et contemporain, entre passé et futur. La guitare maîtrisée répond à la mélopée des instruments virtuels et la batterie scande une forme de volonté de s’extirper des schémas répétitifs dans lesquels l’être humain évolue.

Il m’a fallu justement plusieurs écoutes pour m’extraire de mon conditionnement autour du chant. Pour celleux qui ont l’habitude de me lire, vous savez que je considère le français comme parfait pour la poétique mais résolument insuffisante dans sa qualité vocale (il y a des particularités soniques réelles). Toutefois, je me suis vraiment laissé bercer par le duo JPL - Élise Bourg et je salue le choix assumé de l’artiste de faire confiance à notre langue.

« Post-Scriptum » est un met délicat qui charme par ses grains gourmands : bluesy, funky, orientales, voire quelques sonorités 80’s, rattachées à un pédicelle metal et une rafle solide de rock progressif. Des grappes émotionnelles qui s’entremêlent à une rythmique technique et nerveuse. Chaque texte sombre, mise en doute sur le réel et l’impact de la société, de façon un peu superficielle (à mon goût), mais qui permet à l’auditeur de s’identifier davantage voire de mettre en exergue l’obscurité de certaines personnalités en utilisant le « je ». C’est donc réussi même si je pense que JPL peut aller plus loin dans la dénonciation.

Jean-Pierre LOUVETON nous offre des riffs de qualité qui ne tombent jamais dans la démonstration et viennent répondre à un jeu intéressant avec les autres instruments, notamment avec le piano de Stéphanie VOUILLOT sur « Puzzle ». J’adore particulièrement la basse de ce titre et ses accents floydiens.

C’est un bel album français qui vient confirmer que notre rock progressif est insuffisamment reconnu outre-Atlantique et sur la scène européenne. Je souhaite un vif succès à « Post-Scriptum » et je remercie JPL de rejoindre ceux qui viennent bousculer mes propres à priori des artistes progs de notre pays.