CELESTE la renaissance définitive par la grâce de son maitre à penser (et à composer !) Ciro PERRINO. CELESTE qui nous revient à peine moins d'un an après l'album précédent "Echi di Un Futuro Passato" pour un nouvel opus d'une durée équivalente avec les mêmes musiciens, Ciro PERRINO avait signifié à l'époque qu'il avait composé assez de musique pour la parution de deux disques, voilà qui est fait.

SAN REMO n'est pas uniquement célèbre pour l'arrivée de sa course cycliste sur LA VIA ROMA croyez le bien. Dès 1972, CELESTE fit paraitre le légendaire "Il Principe di un Giorno" un must intemporel de la musique progressive italienne, qui s'écoute encore facilement cinquante-trois ans plus tard. Parler de CELESTE c'est aussi accepter l'idée d'une musique quasiment instrumentale d'un bout à l'autre d'un album, donc pas forcément pour tout le monde.

Et Ciro est un maitre dans l'utilisation du mellotron, l'instrument roi du progressif comme l'était feu Wooly WOLSTENHOLME pour BARCLAY JAMES HARVEST mais aussi des nombreux synthétiseurs analogiques des années soixante-dix comme les Eminent ou les Oberheim (ma référence pour ceux-ci est Herb SCHILDT de STARCASTLE).

Le titre inaugural et éponyme "Anima Animus" met les pieds dans le plat derechef, honneur au roi mellotron accompagné des nombreux flutiaux de Marco MORO pour un morceau symphonique de très haute volée (10/10). Très différent, plus jazzy "Roots and Leaves" (7/10) met en avant le pianoforte de Marco CANEPA, la flute véloce et aventureuse du déjà nommé Marco MORO et les premières notes des saxophones ténor et bariton (pour le peu que j'en connaisse) que nous retrouverons plus loin dans l'opus, un très bon titre dans un genre qui n'est pas ma tasse de thé habituelle.

"Cosmic Carnival" (6/10) la plage suivante n'est cosmique que dans son entame, portée par la guitare basse chaloupée de Francesco BERTONE et dans laquelle apparait sur la partie finale la clarinette de Mirco REBAUDO pour un résultat étonnant et détonnant, le contrepoint jazzifiant y étant important la note s'en ressent, l'une des deux pièces que j'apprécie la moins sur l'ensemble de l'album. Le plus orchestral "De Rerum Natura" (8/10) est un moment de pure félicité musicale, une longue respiration rêveuse et cotonneuse portée par la flute et le piano, une trame mélodique évidente, j'ai noté 8 j'aurais pu écrire 9....


Les deux plages suivantes de durée semblable comportent des vocalises féminines, celles d'Inès ALIPRANDI, la première sous la haute autorité des flutes et des saxophones (alto surtout), la seconde élégamment bâtie sur les percussions de l'invité Marco FADDA que supporte un discret saxophone pas du tout jazzy, "Lilith" (8/10) et "El Mundo Perdido" (8/10), seul reproche treize minutes un peu trop calmes. "Secret Crime" comporte également des éléments vocaux, sur un tapis de flutes avec beaucoup de notes cuivrées (trombone, tuba), l'ensemble s'apparente plus à de la musique de cabaret qu'à de la musique progressive, pas pour bibi cette chose (5/10), la seule plage que je zappe à l'écoute dorénavant.

Reste au menu et comme dessert le plus long titre du disque "Moon and Cloud Dancing", douze minutes pour une incontestable perle symphonique impulsée par le mellotron du maitre de céans et les flutes enchanteresses qui parcourent la pièce (CAMEL ?) la raison essentielle pour laquelle le progressif demeure et demeurera le progressif (10/10), une merveille rien de plus à ajouter.

Pour compléter, le travail artistique a été réalisé par Marco CANEPA, également pianiste invité et le titre de l'œuvre emprunté à un grand homme des dix-neuvième et vingtième siècles, l'autrichien de naissance Sigmund FREUD. De l'excellent au moyen pour cet album, Ciro PERRINO a voulu évoquer en musique toutes ses influences, tous ses gouts aussi, au point d'en proposer pléthore sur l'ensemble du disque, trop diffus surtout (trop différents), ce n'est que mon opinion évidemment.