AVKRVST nom tiré du nom du poète Kjell AUKRUST de leur ville d’origine, créé par Martin et Simon qui dès l’âge de 7 ans se donnaient comme ordre de créer un groupe. Un son heavy rock métal flirtant d’avec PORCUPINE TREE, OPETH. Ce 2e opus poursuit l’histoire de l’âme morne dans la cabane composant sur une histoire de fait divers cruelle. Un album sombre, austère, sans artifices musicaux mais avec de l’énergie pour essayer de sortir du désespoir narré et des notes lancées dans le bain musical new métal prog.

« Preceding » au son syncopé, un pad staccato frénétique, du Steven WILSON d’un côté, la basse rageuse de l’autre, un air électrique suivi d’un groove mielleux. Un instrumental bourré d’amphétamines, le son me rappelant OSI quelque part; de réelles paroles tirées du procès et le tribunal est ouvert. « The Trauma » suit, OPETH en ligne de mire; du riff, de l’électrique, un pad propulsif pour du métal progressif vitaminé. Simon utilise à sa guise sa voix claire pour émouvoir et agresser sur l’ampleur de l’histoire; l’acoustique guitare langoureuse venant amplifier la douleur perçue avec le vocal final growlé ciblé. « Families are Forever » air contemplatif avec l’acoustique guitare soutenant le clavier mélancolique, voix déprimée puis growl d’enfer un temps, tel un ressac annonciateur. Les synthés entre chaleureux et envoûtants, un air djent, une recherche acoustique et l’explosion growl, un climat instrumental oppressant pondéré. La guitare vient mettre à plat le morceau en distillant un message d’espoir, le solo fondant au feeling suintant le spleen, les poils remontant d’un coup. Le clavier génésisien amplifie l’ambiance pastorale d’un coup; morceau sidérant alliant émotion, agression et sensibilité. « Conflating Memories » sur une guitare ostinato, une déclinaison vocale éthérée suivi d’un entrechat flûte folk; une mélodie fluide, consensuelle, monolithique qui monte, monte progressivement, le plus du morceau qui prend le temps...Place au solo clavier feutré, gras, jouissif, intense et intimiste d’Auver, tout ça dedans. Le vocal revient et lance le solo guitare d’Edvard pour faire chavirer un éventuel récalcitrant, tout comme l’orgue vintage final en fondu.

« The Malevolent » avec la participation de Ross d’HAKEN sur une sonorité… d’HAKEN et d’OPETH en plus doom; le refrain solennel, dantesque, les chœurs envoûtants, du concentré pour mettre un peu plus de folie et de publicité à ce groupe dont j’avais parlé comme l’un des meilleurs primo-albums prog dès sa sortie. « Ghosts of Yesteryear » enchaîne, intro mystérieuse, air électro-jazzy-rock, la basse et la guitare djent à souhait. Le pad batterie soutient un rythme d’enfer durant ces deux minutes avant que Simon ne parle doucement d’une noyade effroyable : flute, clavier et guitare solo pour gommer ce moment terrible, climat délicieux devenant explosif avec le riff teigneux. Un condensé de clarté, de douceur, de langueur et de dynamite. « Waving at the Sky » enchaîne aussi pour le titre éponyme; acoustique redondant sur une nappe synthé atmosphérique, langueur du vocal, montée du morceau. La partie initiale se veut convenue, latente appuyée par le synthé digne des PORCUPINE TREE. Le break vocal à effets et sa déclinaison batterie se lance sur le solo clavier hypnotique entreprenant, répétitif; le clavier syncopé donne place au growl un temps avant de repartir sur un son plus académique, résolument moderne, symphonique, solennel avec ses chœurs élégiaques au loin. La montée qui n’en finit pas, comme l’horreur énoncée, mais la musique est là pour faire monter au ciel et saluer qui y sera. L’outro en fondu pour une vibration languissante de notre société folle, plongez dans son tiroir musical comme médicament.

AVKRVST a créé l’album conceptuel sans être concept; un album de rock prog de la décade 2020 avec le son plus ténu, charnu, envoûtant, malléable et entraînant encore, merci Mr Cadbury. Des mélodies charnelles, des riffs heavy, un vocal charmeur et la base rythmique endiablée flirtant à la fois sur OPETH prog vintage et OPETH extrême death prog. Un son guidant vers l’exaltation, la réflexion et le soulagement à percevoir une véritable évolution du son prog d’aujourd’hui. Sombre et rythmé, entêtant et délicat, soufflant le chaud sur la glace et le froid sur les braises tièdes, cet album fait honneur à l’expérimentation en délivrant un album majeur pour 2025.