TRIFECTA est formé de trois musiciens membres du band de Steven WILSON. Nick BEGGS (basse) Adam HOLZMAN (claviers) et Craig BLUNDELL (batterie) avaient l’habitude de jammer ensemble après les tests de son lors des tournées. Ayant développé un répertoire suffisamment étoffé, ils décidèrent alors d’en faire un premier disque, paru en 2021.

Puis, un deuxième a été mis en vente en avril 2024. On constate plusieurs similitudes entre ces deux disques; outre la présentation visuelle qui est très similaire, on y retrouve un nombre élevé de pièces (15 dans le premier et 19 dans le deuxième) dont la durée moyenne est sous la barre des 3 minutes. Et ce deuxième disque va dans toutes les directions; rock, funk, prog, pop, jazz et même …humour, hé oui.

Ça démarre bien, très bien même avec ‘’Beck and Call’’. Bonne pièce jazz-rock au rythme teinté de funk. Après un court break où le clavier arpège des accords, le beat revient en force et la guitare s’éclate sur un solo énergique pour s’arrêter subitement. Ça s’annonce bien pour la suite. La troisième pièce, ‘’Stroboscopic Fennel’’, chantée ou plutôt récitée, n’est pas inintéressante en soi malgré qu’elle soit une simple pièce pop avec un beat stroboscopique somme toute assez prenant. Belle pièce mais cela demeure surtout de la belle pop mais de la pop quand même. ‘’Sibling Rivalry’’débute sur un dialogue humoristique entre deux membres du groupe à propos de savoir jouer du didgeridoo, cet instrument en bois utilisé par des aborigènes australiens. On est agréablement surpris de constater que cet instrument se marie très bien avec les sonorités électroniques. C’est la partie ‘’world music‘’ de l’album.

‘’Daddy Long Legs’’, la plus longue pièce de l’album avec ses 4minutes 12 secondes, jazz-rock au rythme funky, réussit bien à s’incruster en nous avec son court thème répétitif. Le neuvième morceau, ‘’Stupid Pop Song’’, est une sorte de pastiche de chanson pop; la pièce, sans être stupide, n’attire pas l’attention de l’auditeur. On s’interroge même sur la pertinence de l’inclure dans l’album. ‘’Bach Stabber’’ est un des morceaux les plus intéressants de l’album malgré ses 2 petites minutes 8 secondes. Après une douce intro, un clavier arpège des notes en reproduisant quelque peu le style de composition reconnaissable de Jean-Sébastien Bach. Une version pop rock du clavier bien tempéré ? ‘’Chinese Fire Drill’’ est une autre des pièces intéressantes de l’album. De facture jazz-rock, le début avec son piano électrique nous rappelle le son de Bob James dans les années 70. Après un solo nerveux de guitare électrique, le tout s’apaise pour se terminer en douceur. Beau développement. Le disque finit en beauté avec ‘’Spectrum’’, autre pièce jazzée mais dont le développement est très intéressant. Au départ, le piano acoustique répète inlassablement un motif musical sur lequel s’ajoute graduellement rythme et notes de clavier. L’intensité augmente pour en arriver à une sorte de point de rupture où le piano reprend le contrôle pour introduire un autre rythme. Des effets de violons donnent un aspect épique à cette pièce qui pourrait bien accompagner un générique de fin de film.

Et le verdict ? On a ici une musique qui reproduit certains éléments communs aux musiques jazz rock à la sauce funky mais sans vraiment créer quelque chose d ‘innovant. Il faut souligner que le format utilisé, soit des pièces relativement courtes, n’est pas propice aux développements élaborés mais permet quand même aux musiciens de démontrer leur habilité et de faire preuve d’efficacité. Et ils y réussissent bien. Pour cela, le disque remplit ses objectifs de bien nous divertir bien que ce ne soit pas un disque qui satisfera l’amateur de musique prog en nous.