LIND, c’est Andy, le batteur des ANCESTRY PROGRAM, qui essaie de proposer une fusion jazz-prog-métal, dans la lignée d’un PANZERBALLETT par exemple; lorsque le jazz rencontre l’avant-garde rock avec une couche de suie bien grasse, un rock prog complexe qui ne s’apprivoise pas du premier coup avec ses passages bigarrés, éclatés et travaillés d’où l’harmonie semble absente; des « guests » de qualité l’aident à sortir son 4e opus.

« Wounded Knees » synthé électro, voix en réverbération, lancinante, rythme syncopé; air heavy, jazzy, la base est mélodique, nerveuse; voix sur Devin TOWNSEND et TOTO, sur les paradoxes musicaux; envoûtant et décalé avec une dérive fusionnelle complexe, bien loin du son gras de THE ANCESTRY PROGRAM. « Lost Words » surprenant entre passages rythmés avant-garde jazzy et sonorités atmosphériques planantes; on y retrouve un frappé djent associé à celui de Robert FRIPP, désopilant comme le saxo de Marek dessus. « This Dream » prolonge le son crimsonien d’un côté avec la sonorité jazzy de l’autre; la voix lointaine il faudra s’y faire; tiens, une fusion TOWNSEND-ZAPPA; le piano électro se décline en final sur une ambiance jazzy caractérisée.

« A Third Ear Conversation » continue avec des claviers qui redonnent un son gras; le frappé est sa marque de fabrique et emmène l’air hypnotique sur une pente métronomique; avant-gardiste pour qui adore le maître ZAPPA; son polyvalent un tantinet éclaté voire dérangeant d’un FLOWER KINGS appauvri. « Redesign » comme le morceau épique donnant aux invités un temps musical; Lind joue quand même la batterie, basse, guitare et le clavier; un désordre fusionnel jazz-prog structuré qui s’écoule sur un crescendo au dernier tiers bien plus soutenu et une basse hypnotique; du prog dur et presque pur trempant dans du jazz, un ersatz jazzy du KING CRIMSON.

« Another Try » possède la particularité d’avoir Marco des SYLVAN avec sa voix posée, ses montées uniques et des escapades instrumentales le tout rentrant dans un MASSIVE ATTACK désopilant; des parties claviers multi-tiroirs ensorcellent ou rebutent à vous de voir. « One Million Ways » base dynamique avec la batterie en lame de fond raccrochant les sonorités électro; la répétition se fait jour; la fin de 10 secondes plus agréable. « Comfort Zone » avec un riff gras dépoussiérant les oreilles; la voix toujours envahissante; la guitare permet de donner de l’air même si la sensation TOWNSEND jazzy est là : un mur infranchissable; un havre de paix la guitare à ce moment avec un final riff dark-wave nippon qui soulage.

« Move On Gently » avec Caro oui une voix féminine et pas trafiquée; on souffle un peu, l’ambiance jazzy devient électrique et peut rappeler ANAID ou AQ&F sur une base zeuhl déjantée. « Trapped in Haze » pour le dernier morceau; on commence à fermer ses oreilles et d’un coup stop: ce n’est pas fini, un relent growl oui pourquoi pas et un solo de Kalle; le synthé monolithique, envoûtant permet cet espace métallique qui manquait un peu sur le reste de l’album et lui donne plus de profondeur, un bon TOWNSEND bis là.

LIND pose un univers singulier aussi étrange que la ‘chose’ sur la pochette; structure musicale sensible, complexe, un dialogue musical entre LIND et ses invités, Kalle WALLNER, Amo MENSES, Marek ARNOLD, Gary HUSBAND et Jan ZEHRFELD. Du rock très varié pour partir loin dans des espaces musicaux bariolés, où le tribal n’est pas loin, où le rock garde son ossature mais baigne dans des bribes dégoulinantes jazzy pour une expérimentation sauvage; son qui se sert de moments calmes pour amener de la chaleur, de moments soutenus pour calmer des dissonances crues. Pour fans des SUPER MASSIVE BLACK HOLES, UNIVERS ZERO et surtout des THINKING PLAGUE et du maître ZAPPA.