Antony KALUGIN, au fil des ans, tisse une toile – à travers ses divers projets menés en parallèle : HOGGWASH, SUNCHILD, AKKO, AKP – dans laquelle le progueux, exigeant, fureteur, se fait prendre à chaque nouvelle sortie. Ce diable d’homme est un créatif hors norme. La suite de “Messages From Afar: Firts contact’’ (2017) est arrivée sous le nom de «Messages From Afar: Second Nature (5 janvier 2024).

L’inaugural « Ride Your Dream » conserve des traces des pièces d’ouverture et de clôture de « Messages From Afar: Firts Contact ». Outre ce passage de témoin, les deux disques se distinguent car le premier était entièrement instrumental tandis que le second volet est, en partie, chanté. D’autre part, cette récente livraison se distingue par ses relents jazzy et autres recherches aventureuses.

L’accueil est des plus chaleureux ; piano et autres sonorités de claviers dominent tandis que la voix chaude, posée, d’Antony semble nous accueillir chez lui. Sans point final, il se fond dans l’instrumental « Fantasion ». Outre les touches noires/blanches, de belles interventions de guitares (acoustiques et électrique) tissent ensemble une partition versatile, qui serpente entre les thèmes et semblent évoquer un paysage inconnu. C’est très empreint de Jazz que « November Blue » se glisse pour varier les plaisirs et mettre en avant les saxophones de Yvan VEDAMAN accompagné par une six cordes relâchées. Maria PANASENKO pose sa voix éthérée sur le premier couplet de « Bond Of Love » avant que le morceau ne s’échappe, devienne épique, tiré par la guitare de Dmytro IGNATOV et les claviers du patron. Superbes envolées qui nous emmènent haut, très haut. Retour au calme avec la trame du début et cette voix angélique.

Max VELYSCHKO se présente avec sa guitare acoustique pour débuter « Agora By Night » en arpèges délicats. Un passage central plus mystérieux, cinématographique, électrique la pièce avant qu’elle ne se termine en épanadiplose. Du piano classique au saxophone jazzy, et, enfin, la guitare électrique, les musiciens se font plaisir dans « Day break » en allant voir du côté de la fusion Jazz-Rock. La participation de Colin BASS (chant) est idéale dans le jazzy calme « Bright Litthe Star ». Le saxophone réchauffe, la guitare enjôle, l’ambiance est à la douce rêverie. L’imposant « Searching For Mr. Kite » (qui a fait l’objet d’une fort belle vidéo) est une pièce épique dans laquelle, outre la section rythmique efficiente, la six cordes et les synthés se disputent des trames récurrentes déclinées de diverses manières. Pour clore, Antony a placé le morceau éponyme, instrumental lui aussi, de manière stratégique. La prédominance du piano est, peu à peu, moins nette lorsque l’orchestre intervient pour le final.

L’imagination – sans limite semble-t-il – d’Antony KALUGIN émerveille encore une fois. Il est un maître en termes de composition, d’arrangement, de choix de partenaires. Capitaine de plusieurs collectifs à qui il donne une identité différente, aventureux de nature, il n’hésite pas à s’écarter des voies les plus navigables pour caboter le long des côtes et y trouver une inspiration renouvelée. Cet album va aisément trouver sa place sur l’étagère dédiée aux sorties discographiques d’AK. La version CD contient 3 titres bonus exclusifs contenant la musique du guitariste Dmytro IGNATOV.