Vous le connaissez peut-être comme membre du DAVE KERZNER BAND. Ou vous savez qu’il est multi-instrumentaliste / producteur / collaborateur avec des dizaines d’artistes. Ou peut-être vous souvenez-vous de lui pour ses nombreux albums solos. Peu importe : Fernando PERDOMO ne chôme pas. Il nous présente cette année un nouvel album, intitulé « Self ». Contrairement au quatuor précédent (les albums « Out to Sea » 1 à 4, dont le magnifique troisième volet que j’avais chroniqué sur ce site et qui m’avait enchanté), ce nouvel opus contient des pièces chantées, chantées par PERDOMO lui-même. L’album est plus pop que prog, avec des soupçons électro, sauf la longue pièce finale qui entre résolument dans la catégorie progressive.

L’album débute avec la très radiophonique « Searching For Myself ». Un soupçon de BEATLES, une pincée de OASIS, et hop : c’est avec ma chanson préférée de l’album. Une chanson qui aurait pu être un hit à une autre époque. Vous allez peut-être découvrir ici la voix basse de PERDOMO, et bien qu’elle ne soit pas la plus puissante, il l’utilise tout de même bien sur cette pièce. S’ensuit « Everything Leads To Now », une pièce folk à la guitare acoustique dans laquelle il nous dit qu’il a le sentiment, à 43 ans, d'en avoir fait beaucoup dans sa vie et dans sa carrière musicale, d'en avoir même assez fait s'il venait qu’à mourir bientôt. Sur un ton plus joyeux, il nous invite dans le texte à vivre pleinement le moment présent!

Vivre sa vie avec des lunettes roses, foncer à 100 milles à l’heure : on le sent à fond dans la très bonne « Optimist Prime », une pièce quelque peu psychédélique, faisant un peu penser au groupe britannique « Pulp ». De l’électro-pop avec claviers distortionnés. Ensuite, on se calme avec le doux clavier de « Absolute Silence », accompagné d’une guitare style Steven ROTHERY; une belle chanson, mais un peu trop simpliste à mon goût, avec une voix qui manque d’émotion. Du R&B avec une touche psychédélique s’offre à nous dans « Who I Really Am », alors qu’on pense un peu à Marvin GAYE. La première moitié de cette chanson est un peu longue, redondante. Mais au milieu, un solo de guitare vient ajouter du piquant à ce morceau, qui se termine ensuite comme il a commencé. La vidéo de cette pièce est excellente, alors qu'on voit PERDOMO performer tous les instruments comme s'il était sur scène partout en même temps, cloné, ayant une personnalité et un habillement différents pour chaque rôle de musicien, chacun de ceux-ci ayant même un nom et un lieu de provenance fictifs et différents.

« All Of Us Under The Same Moon », une instrumentale à la guitare acoustique, nous offre une mélodie simple, mais intéressante. Pour clore cet album, la pièce-titre de 20 minutes, la seule vraie pièce prog de l’album comme je le mentionnais plus haut, se décline en une harmonie, un panorama simultané de plusieurs instruments. Une superposition de voix (toutes performées par PERDOMO) amène une touche intéressante. Le tout est assez expérimental et déjanté, rappelant par moments la folie de Todd RUNDGREN. Vers la 13ème minute, on a une redondance qui, je trouve, s’étire un peu trop sur quelques minutes, mais deux minutes avant la fin, une originale finale se met en branle. Somme toute, à mon goût, c’est une bonne pièce, mais qui aurait pu être mieux construite et plus originale, et un peu moins longue.

Produit par PERDOMO et mixé et masterisé par Zach ZISKIN, qui a déjà gagné un prix Grammy, je n’ai rien à redire sur la qualité d’enregistrement et de production de ce disque. « Self » contient des pièces de plusieurs styles et ambiances différents, et est plus pop que prog. La qualité des compositions est un peu inégale, mais on ne s’ennuie quand même pas sur cet album et il mérite d’être écouté! L’album aurait par ailleurs peut-être une tout autre allure avec une voix différente et plus puissante, qui sait. En conclusion, c’est un album qui ne passera pas à l’histoire, mais qui pourrait plaire aux amateurs du style.