Les façons de découvrir la musique abondent, c’est bien connu. Ais-je besoin de dire que c’est le cas de nos jours plus que jamais. Cependant, lorsqu’un ami musical attire ton attention sur un artiste, voire sur un album, c’est une valeur ajoutée. C’est ainsi que j’ai fait connaissance avec BENJAMIN CROFT et appris à connaître, et aimer son plus récent album, « We Are Here to Help ».

Mes recherches ont été facilitées par son site Internet bien documenté, bien sûr. Mais aussi parce que j’ai eu le plaisir de préparer et réaliser une entrevue avec ce bien sympathique musicien. Je vous invite chaleureusement à en prendre connaissance, à moins que ce ne soit déjà fait. Si tel est le cas, félicitations. BENJAMIN CROFT a découvert la musique grâce à un voisin pianiste. Dès l’âge de sept ans, il se lance assidument dans les cours de piano et de trompette. Sa deuxième grande influence est la découverte de « Close to the edge » et de RICK WAKEMAN à l’âge de dix-sept ans. Belle coïncidence puisque j’ai découvert cet album au même âge et, tout comme lui, c’est mon favori.

Ses premières années professionnelles furent très formatrices à défaut d’être libres et progressives. En effet, il accompagnait des musiciens et des groupes sur des navires de croisière. Country, jazz, opéra, rock’n roll, les genres ont formé sa polyvalence. De retour sur la terre ferme à une époque où il jouait régulièrement au Ronnie Scott’s Jazz Club à Londres, il enregistre son premier album, « 10 Reasons to … ». Paru en 2019, l’album est d’abord destiné au monde du jazz et de la fusion. Il est d’ailleurs accompagné de musiciens côtoyés dans son nouvel environnement. Deux ans plus tard, BENJAMIN nous offre « Far and Distant Things ». Que ce soit au niveau de la production ou de son contenu, le résultat sied beaucoup plus à ses attentes. La satisfaction ne vient pas que du niveau musical qui fait une place au rock progressif et au jazz fusion mais aussi de voir des musiciens estimés depuis longtemps, RANDY BRECKER et FRANK GAMBALE par exemple, devenir des collaborateurs.

Le parcours de BENJAMIN CROFT passe maintenant par ce troisième album, « We Are Here to Help ». Sans l’ombre d’un doute, il s’agit du plus abouti et de celui qui rejoint le plus ses aspirations musicales et ses influences progressives. Ces dernières, bien évidentes sur ce nouvel opus, s’accompagnent de moments de fusion mais aussi d’une saveur rock bien mise en évidence. Il faut dire que quatre des huit morceaux présentent une nouveauté en termes de compositions, soit la présence du chant. Si je vous dis que JEFF SCOTT SOTO (SONS OF APPOLO, TALISMAN) interprète deux pièces composées pour sa voix par BENJAMIN, on peut alors comprendre l’orientation plus franchement costaude. La pièce titre avec ses riffs de guitare nerveux, un solo puissant de CARTER ARRINGTON, et un Hammond solide nous fait bien comprendre ce que BENJAMIN voulait dire par un album plus rock. Les autres cordes vocales sont celles de LYNSEY WARD (EXPLORING BIRDSONG) et ses interprétations de « Caught in a Fly Paper » et « Wrestling With Pluto » sont particulièrement savoureuses. Sa voix me fait penser un peu à celle de AMY DARBY de THIEVE’S KITCHEN. Ce sont deux pièces fort intéressantes. En plus de cette belle voix, on retrouve un puissant break instrumental dans « Caught in the Fly Paper » avec des riffs de guitare presque métallique de PER NILSSON (KAIPA) et BENJAMIN CROFT qui laisse découvrir une autre de ses influences, celle de KEITH EMERSON. Son travail au piano, au synthétiseur et à l’orgue est également à souligner sur « Wrestling With Pluto ».

Il va sans dire que « We Are Here to Help » fait la part belle aux claviers. Mais nous ne sommes pas dans la seule démonstration, loin de là. De plus, le soin de composer pour les voix est aussi vrai pour d’autres musiciens et instruments. Un bon exemple est « You Made Me Miss » avec MIKE STERN à la guitare. On reconnaît le style, le son avec un morceau un peu jazzé teinté de touches de RUSH de bon goût et de petits moments reggae. Si, si et c’est bien fait. Je parle de musiciens talentueux musiciens alors je ne saurais passer sous silence le jeu de basse de BILLY SHEEHAN (NIACIN, SONS OF APPOLO, THE WINERY DOGS, etc.). On l’entend en formule plus rock sur la pièce titre mais encore plus présent et stimulant sur « Same Siders ». Sur ce morceau, il est couplé à la rythmique avec MARCO MINNEMANN dont le jeu ravit les amateurs de musique sur une multitude d’albums et sur cinq morceaux dans le cas présent. N’ayez crainte pour les trois autres puisque SIMON PHILLIPS s’en occupe.

Je n’ai pas mentionné « Age of Magrathea » qui est pourtant mon morceau préféré, où progressif et fusion se marient à merveille. Un puissant solo de guitare de GREG HOWE, la batterie en feu de MINNEMANN, l’orgue remarquable, une touche de mellotron et j’en passe. Si vous ne connaissez pas BENJAMIN CROFT, cet album sera pour vous aussi une belle découverte. En prime, une pochette signée par HUGH SYME (RUSH, ARENA, FLYING COLORS, DREAM THEATER, etc.). Que du plaisir, c’est promis !