ANANDAMMIDE est un projet folk psychédélique créé et dirigé par Michele MOSCHINI, un musicien italien basé à Paris depuis 2007, qui jouit d’une expérience certaine, car il est actif depuis les années 90 sur la scène rock progressive et psychédélique en Italie où il a été la voix du groupe Prog italien FLOATING STATE pendant une décennie. Ce nouvel album qui fait suite à « Earthly Paradise » de Novembre 2020, qui fut acclamé par la critique, met également en vedette des musiciens d'Italie, de France, d'Angleterre et de Suède, dont la plupart avait contribué au premier album. Il fut enregistré à Montmartre et dans plusieurs autres lieux en France, en Suède et en Italie. MOSCHINI donne de sa voix basse et très douce mais on entend aussi la jolie voix, presqu’enfantine de Lisa Isaksson, de la formation « Me and my Kites », qui chante dans trois chansons.

S'inspirant pour la forme d’une certaine poésie folklorique britannique MOSCHINI livre ici un album un bijou anachronique, chanté en anglais, d'une rare richesse orchestrale sur une thématique reliée à la propension de la race humaine pour l'autodestruction. Quant au titre « Eura », c’est en l’honneur d’une femme aux quatre yeux, dessinée par le romancier Dino BUZZATI, à la fin des années soixante, dans une bande dessinée qui reprenait le mythe grec d’Orphée et d’Euridice, transposé dans un environnement milanais. Le tableau la représentant, qui était dans le salon de la maison parentale de MOSCHINI, demeura pour lui le symbole de la femme idéale et une source d’inspiration.

Ce nouvel album est un peu moins acoustique que le précédent; les influences médiévales et baroques se sont faites plus discrètes, donnant un peu plus de place aux sons électriques. Mais ce qui en ressort dès la première écoute, c’est une sensation pastorale de calme, de quiétude, de relaxation parfois hypnotique (« Dream ») mais la constante demeure cette perpétuelle ambiance de rêverie, sage et addictive pour cet album doté d’une excellente cohésion.

C’est un peu comme une claque, qui nous arrive subitement, hors des modes, totalement déphasée par rapport à l’air du temps. Des bonheurs « a capella » qui ne laisse aucune place à l’erreur. Une musique d’inspiration subtilement médiévale triste et mélancolique. Une voix basse et chaleureuse, dans des ambiances où l’acoustique fait belle figure, mais aussi des trouvailles délicates issues des synthés. La rythme est lent, les notes clairement définies, mais l’ensemble n’est absolument pas ennuyant. Rien de violent, qu’une béatitude pastorale qui contraste avec la thématique destructrice qui montre son nez dans les sons de la guerre de « The Orange Flood ». Tout au long de l’album, flûte, violon, violoncelle ajoutent ce classicisme et cette grâce qui rend cet album fleur bleue tout simplement beau, malgré toute sa simplicité qui n’est qu’un leurre. Bravo ! Titres préférés : Presque toutes les chansons, mais commencez par « Phantom Limb » et « The Orange Flood » assez représentatives de l’ensemble. Bonne écoute !