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ENTREVUE / INTERVIEW

Seven Reizh

With: Claude Mignon

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ALBUM REVIEW HERE

Alain Massard - July 2023

PROFILPROG : Tout d’abord merci d’avoir accepté l’invitation. J’aimerais que tu débutes par une présentation personnelle, ce que tu peux dire de ton parcours musical, tu es d’où à l’origine et tu vis où maintenant ?

Claude Mignon : Merci à toi pour cette invitation.
Tout d’abord, je suis né à Lorient (cela présageait peut-être déjà où ma musique m’emmènerait…l’Orient). J’ai vécu toute ma jeunesse en Bretagne, dans le département du Morbihan. Actuellement j’habite sur la presqu’île de Crozon, dans le Finistère, Bretagne également. J’ai commencé la guitare à l’âge de 12 ans. J’ai créé un petit groupe qui a fait une première partie de Fabienne Thibault. C’était de la chanson française. Je l’avais appelé « In transit ». Tout d’abord parce que je n’habitais pas en Bretagne à cette époque, cela me manquait et je me considérais en « transit », et par ailleurs parce que j’aimais beaucoup un album live du groupe Saga qui s’appelle « In Transit ». Je me suis mis au piano bien plus tard. Cet instrument m’a toujours attiré.

En 1999, frustré de n’avoir pas fait ce que je voulais personnellement dans la musique, j’ai décidé de me lancer pour voir de quoi j’étais capable, en composant tout moi-même mais avec peu de confiance en ce qui allait vraiment en sortir. J’ai été surpris de l’inspiration qui semblait venir naturellement et les choses se sont accélérées de manière folle. J’ai sorti un premier album en 2001 sous le nom de Seven Reizh. Album qualifié d’« ovni » à l’époque car personne ne me connaissait. J’avais déjà 40 ans et je pense que j’avais accumulé inconsciemment, écoutant énormément de musique, beaucoup d’influences qui étaient déjà bien digérées. Le disque s’est très bien vendu. J‘ai alors fait, avec le groupe constitué, un concert dès 2002. Cela a été un peu particulier pour moi car c’était à un festival sur deux jours où je partageais la scène notamment avec Pendragon (groupe britannique que j’aimais depuis longtemps) et le groupe français Ange. Tous les gains du premier album ont été réinvestis dans le deuxième, « Samsâra ». À cette époque je travaillais comme éducateur spécialisé : ces deux premiers albums ont été faits pendant cette période très intense professionnellement.

PP : Quelles sont tes plus grandes influences ?

CM : J’ai tout d’abord été influencé par les groupes de rock progressif tels que Pink Floyd, Camel, Mike Oldfield, Genesis, Peter Gabriel, Yes et bien d’autres, puis par le revival du prog avec des groupes comme Marillion, Pendragon... Ma passion pour la musique m’a amené à m’ouvrir et découvrir également d’autres horizons, aussi bien dans le jazz comme Pat Metheny group avec Lyle Mays au clavier, le jazz-rock avec Return to Forever, mais aussi des compositeurs contemporains de musique classique comme Arvo Pärt ou Samuel Barber et son magnifique « Adagio for strings », des artistes actuels comme Ólafur Arnalds, Joep Beving, Tirill… D’autres mouvements, comme le minimalisme, m’ont intéressé : Steve Reich, Philip Glass... Bien sûr des groupes d’influence celtique m’ont également beaucoup touché comme Alan Stivell, Loreena McKennitt, Clannad, Dan Ar Braz, Didier Squiban, des groupes plus « dark » comme Dead Can Dance… et puis aussi le folk rock de Neil Young, le trip-hop de Radiohead…L’approche que j’ai de mes influences celtiques m’a également ouvert aux musiques world et, de fait, à la connaissance de tous les instruments du monde que je peux intégrer dans mes compositions. Je suis aussi depuis de nombreuses années influencées par le travail de Ryūichi Sakamoto. J’avais beaucoup aimé la musique du film « Furyo » qu’il avait composée ; cette BO m’a d’ailleurs inspiré le morceau « Le Pavillon Chinois » de l’album « La Barque Ailée ». Les compositeurs de musique de film comme Ennio Morricone, Bruno Coulais, Hans Zimmer, Armand Amar, m’intéressent beaucoup...
La musique classique également avec Debussy, Ravel… Satie.

PP : Comment considères-tu ton lien avec Loreena McKennitt et Peter Gabriel dans ton univers musical ?

CM : Ces deux artistes font partie de mes influences musicales. J’ai tout écouté de chacun d’eux. Concernant Loreena McKennitt, j’ai composé un morceau influencé de cette artiste : il s’appelle « Qim iydi », signifiant « Viens t’asseoir » en langue kabyle. Je suis allé la voir en concert au festival de Cornouaille à Quimper en Bretagne, il y a une dizaine d’années. Je l’ai rencontrée après le concert car j’ai voulu lui offrir l’album d’où est issu ce titre, Samsâra et je lui ai expliqué qu’elle m’avait influencé. Son univers de mélange celtique et d’Orient m’a bien sûr très intéressé : cela fait partie de mon identité musicale.

Concernant Peter Gabriel (que je viens de voir en concert à Bordeaux il y a deux semaines), c’est une grande histoire car bien sûr Genesis a fait partie des groupes que j’ai préférés et j’ai aimé aussi son ouverture sur le monde, sur des artistes venus de tous les pays. Et l’histoire de Seven Reizh a voulu que j’aille pré-mixer aux Real World Studios à Bath où j’ai eu la chance inouïe d’enregistrer un de mes morceaux sur son piano à queue personnel, et de le faire interpréter par un grand pianiste, celui notamment de Kylie Minogue, Spandau Ballet, Lady Gaga, Will Young, Take That... ce qui n’était pas prévu dans le contrat initial. Ces deux semaines là-bas ont été un rêve éveillé. C’est un monde en soi qui ne m’a pas semblé réel justement (Real World !) puisque j’ai croisé aussi bien Robert Plant que l’ingénieur du son de Madonna, la chanteuse Birdy...

PP : Tu sors ‘…QUAND S'ENVOLENT LES MOTS…’ après une longue période de pandémie ; ce fut un plus pour toi de fusionner les deux précédents albums, en retirer la quintessence ou ce fut dur d’attendre aussi longtemps ?

CM : En fait je n’ai pas eu d’arrêt musicalement à cause de la pandémie. D’une part parce que cela a été propice à composer pour cet album, ensuite parce que j’étais autorisé légalement à aller enregistrer en studio. Les concerts étaient interdits mais pas les enregistrements et mixages en studio. Par ailleurs, j‘ai commencé le travail sur cet album en 2018, juste après la sortie de « L’Albatros » donc bien avant la pandémie. J’ai profité de cette période aussi pour faire beaucoup de vidéos que j’ai partagées sur Facebook, YouTube...

PP : Peux-tu expliquer un peu le sens de la pochette, avec cette connexion ou cette rencontre de deux mondes ?

CM : L’identité de la musique que je fais pourrait se résumer en une phrase : « Les pieds dans mes racines et ma tête dans les étoiles ». Les étoiles représentant « l’ailleurs », le reste du monde, l’ouverture à d’autres cultures. Ma musique prend donc en compte mes racines bretonnes et mon ouverture sur le monde avec l’apport d’instruments « world ». C’est cela que représentent les multiples planètes de la couverture de l’album. Bien sûr, mes grandes influences de musique progressive sont présentes ici et là, c’est dans mon ADN, on ne se refait pas. On voit donc sur celle-ci un monde avec la Bretagne représentée et d’autres planètes. Les deux « objets volants » sont les créations de Jean-Marie Le Bris, héros du concept des deux disques précédents. Le sous-titre du nouvel album est « ...quand s’envolent les mots... » d’une part parce que c’est un instrumental, et d’autre part car dans ces objets volants, il y a des écrits (des parties du roman qui accompagnent ces deux albums précédents), des mots qui s’envolent donc.

Comme j’aime la peinture, je vais parfois visiter des galeries. Il se trouve qu’à côté de chez moi, Camaret est une cité d’artistes et en particulier de peintres. Un jour je suis entré dans une galerie, celle d’Yveline Abernot, et j’ai tout de suite senti une connexion avec l’univers pictural de cette artiste. Ses peintures me parlaient et je trouvais qu’elles avaient à voir avec ma musique. Là encore ce fût une évidence. J’ai fait une vidéo de présentation de ce nouvel album (que vous trouverez sur la nouvelle chaîne YouTube de Seven Reizh ainsi que sur la mienne), dans laquelle je présente Yveline qui travaille dans sa galerie, avec une petite interview d’elle. Elle a été très motivée pour créer un tableau original à partir des éléments picturaux que je lui ai donnés. D’ailleurs, ce grand tableau, je le lui ai acheté et il trône en très bonne place dans mon séjour. D’autres peintures d’elle apparaissent dans le livret de 24 pages de l’album.

J’ai également fait tirer quelques dizaines d’exemplaires de reproductions des couvertures du double CD et du triple vinyle que l’on peut se procurer sur le site de Seven Reizh.

PP : Peux-tu en dire un peu plus sur la conception et les musiciens présents… j’en ai dénombré beaucoup, comment ont-ils pu travailler avec toi ?

CM : Sur la conception, je travaille dans mon home studio et je compose pour tous les instruments. Je connaissais tous ces instruments. J’adore en découvrir de nouveaux. Comme je compose pour chacun d’eux à partir de banques de sons virtuels, il faut d’abord bien les connaître, les comprendre même, découvrir leur histoire, les apprivoiser et appréhender leur registre. Si je fais une note qui n’existe pas dans le registre de l’instrument, je vais être à côté de la plaque, l’instrumentiste va devoir faire des modifications. Pour autant, sur certains passages musicaux de cet album, j’ai laissé place à la propre énergie créatrice de tel ou tel instrumentiste, cela apporte aussi beaucoup de fraîcheur et d’ouverture à la musique.

Je ne me pose jamais la question, lorsque je décide de mettre tel ou tel instrument, si je vais avoir le musicien qui pourra en jouer. J’ai toujours eu la chance pour l’instant de trouver un merveilleux musicien qui pourrait interpréter mes compositions. Chaque rencontre avec un nouvel instrumentiste est une histoire en soi, mais le principe c’est de tous les rencontrer et de travailler ensemble et non à distance, cela apporte beaucoup plus en termes humains. Il me faudrait 10 pages pour te les raconter toutes, étant donné qu’il y a 35 musiciens sur cet album. Je vais seulement t’en raconter deux.

Je regardais toujours à la télévision les émissions de musique classique de Jean-François Zygel (pédagogue pianiste) et il y avait une rubrique qui s’appelait « L’instrument rare » : c’est là que j’ai découvert la musicienne qui joue de la nickelharpa (Eléonore Billy). Cela faisait des années que je voulais cet instrument (j’ai failli l’utiliser dans Samsâra). J’ai tout simplement appelé cet instrumentiste et ça a bien connecté entre nous. Pour d’autres, c’est par connaissance entre instrumentistes. Par exemple, la musicienne chinoise qui joue de la flûte bambou, c’est par le biais de Marcel Aubé qui joue du erhu. Il avait déjà eu l’occasion de travailler avec elle et c’est par cette flûtiste que j’ai eu un contact avec la joueuse de guzheng.

PP : J’ai adoré les voix ici qui sont plus en arrière que sur ‘L’Albatros’, qui coulent mieux, qui rendent plus fluides les compositions retouchées, retravaillées… tu te dis ‘mais non !’ ou ‘un peu oui’ car le but était de les laisser s’envoler ?

CM : En fait, ce sont effectivement deux approches différentes pour le traitement des voix. Sur les deux précédents albums, les voix chantées se devaient d’être devant. J’adore le travail que nous avons fait sur ces deux albums ; pour celui-ci je suis dans une optique d’instrumental, le but étant que l’on entende malgré tout parfaitement les instruments sous la voix et d’utiliser plus la voix comme un instrument que comme un lead vocal. Alors, effectivement, cela peut donner un rapport plus fluide entre instruments et chants car c’était le but.

PP : D’où viennent tes idées pour avoir ‘accouché’ de ce bébé, de fusionner des titres des deux derniers albums car c’est quand même le fond de cet album ?

CM : Le but n’était pas de fusionner des titres, sinon cela aurait été une sorte de « best of ».
Je n’aurais jamais pensé faire un instrumental tant les voix sont importantes pour moi, mais cela s’est imposé à moi. Il m’a fallu un an et demi pour composer les deux albums « La Barque Ailée » puis « L’Albatros ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les morceaux de ces deux albums ont été composés dans un même élan, ce n’est qu’ensuite que la place des morceaux dans chaque album a été déterminée. Lors de la composition de ces morceaux et donc bien avant l'enregistrement des voix en studio, la musique semblait souvent se suffire à elle-même. De plus j’avais beaucoup d’idées différentes d’arrangements et j’étais parfois frustré d’en abandonner certaines qui semblaient intéressantes à explorer. J’ai dû également renoncer à certaines idées composées autour d’instruments que j’aurais voulu intégrer comme la guitare andalouse, la flûte bambou ou le handpan par exemple. Tout cela a été particulièrement frustrant pour moi, je trouvais là encore que ces morceaux avaient plusieurs chemins à prendre.

Cet album est une nouvelle création en soi, il nous emmène ailleurs, c’est un autre voyage.
Pour ce faire, douze nouveaux musiciens se rajoutent à la vingtaine déjà présente sur les albums originaux. Ce sont autant de nouveaux instruments pour lesquels je n’avais encore jamais composé, comme la nickelharpa, instrument norvégien, un guzheng, instrument traditionnel chinois, ou encore un ney turque...Bien que ce projet soit instrumental, il comporte malgré tout beaucoup de nouvelles voix ; en effet, j’ai fait appel à de nouveaux artistes : une chanteuse turque, une Vietnamienne, une Française, une Allemande et un contre-ténor franco-russe. Peut-être d’ailleurs que le terme instrumental est impropre à ce projet. Inventons donc un terme : disons... instru vocale.

Et puis je ne me suis rien interdit. J’ai parfois rebâti la structure du morceau, le faisant commencer autrement que l’original, rajoutant des thèmes qui n’existaient pas. Toutes les parties jouées par les 12 nouveaux instrumentistes sont de nouvelles compositions. Tout a été remis à plat et mixé différemment avec un nouveau son. Avec mon ingé son Xavier Aubert, nous avons travaillé dans deux studios différents avec tables analogiques SSL, ce que nous n’avions encore pas exploré.

PP : Tu vois cet album comme la réalisation ultime, comme une suite ? (J’ai entendu dire que c’est la suite de ‘Strinkadenn’Ys’ avant tout) ?

CM : Non ce n’est pas la suite de « Strinkadenn’Ys ». C’est pour moi le dernier volet d’une pentalogie commencée il y a 24 ans, avec ce premier album. J’avais besoin d’une conclusion à ce processus qui forme un tout pour moi. Cet album est en fait l’épilogue d’une longue aventure. C’est une fin en même temps qu’il est un commencement. Symboliquement d’ailleurs le premier morceau s’appelle Antre, mot breton signifiant « entrée », et le dernier Klozañ, mot breton signifiant « clore ». Si je poursuis le chemin de Seven Reizh (et j’ai l’idée d’un nouveau concept depuis plusieurs années dans ma tête…), ce sera donc un nouveau cycle, une nouvelle période qui s’ouvrira. Des idées se précisent déjà mais je ne peux pas encore en parler, il faut que cela prenne le temps de mûrir…

PP : Imaginons, tu as une chronique qui sort avec un 10/10, tu te dis je suis le meilleur et tu réserves le stade de France ou tu relativises en pensant qu'il y a des doux Rêveurs ?

CM : Le stade de France sûrement pas. Après l'écoute d'une musique c'est une rencontre avec un univers, une relation presque. Donc s'il y a des doux rêveurs qui pensent que la musique vaut un 10 je suis preneur mais tout est tellement subjectif dans la musique que les notes n'ont un sens que pour celui qui la met et celui qui reçoit. Mais je t'avoue que pour l'instant ce dernier album est reçu de façon incroyable par les chroniques...

PP : Dernière question plus personnelle : vis-tu ta musique comme une thérapie pour toi, pour ceux et celles qui écouteront ou pour les deux ?

CM : C’est une question intéressante et là encore il me faudrait beaucoup de temps pour bien y répondre, mais disons que tu vises juste ; c’est en même temps une thérapie pour moi et je l’espère un bien être pour ceux qui l’écoutent. Les personnes qui me renvoient leurs impressions me parlent beaucoup de cette sensation d’apaisement lorsqu’elles écoutent ma musique. Il faut dire qu’elle a également suscité l’intérêt d’une société qui demande à quelques compositeurs, dont je fais partie, de composer des morceaux d’environ 20 minutes avec un cahier des charges technique permettant au cœur de s’apaiser et à la souffrance de diminuer. Cette société s’appelle Music Care et travaille avec des hôpitaux en France et dans le monde. La musique est entrée dans l’hôpital désormais comme le sont depuis un moment l’hypnose, la sophrologie et d’autres médecines que l’on disait parallèles. Le but est de travailler sur la gestion du stress et de la douleur par la musique en changeant le tempo, en le descendant sur la durée de ces longs morceaux. C’est une expérience très intéressante car c’est un dispositif médical validé cliniquement permettant une diminution de plus de 50% des consommations médicamenteuses.

Je pense que ma musique permet à chacun de s’évader, de visualiser des images, c’est pour cela que « voyage » revient souvent dans les mots des personnes qui écoutent Seven Reizh. Elle a un côté méditatif je pense…

PP : Un mot de la fin pour terminer et me forcer à plonger dans l’album, il peut ‘effrayer’ par sa longueur, par ses similarités ou m’envoûter ?

CM : Il n’y a aucune raison de forcer les gens à se plonger dans l’album. Si tu aimes Seven Reizh ou que mes réponses intéressent ceux qui liront cette interview, que mes mots résonnent chez eux, ils iront écouter. Pour ce qui est de sa longueur, je ne vois pas les choses comme cela. Lorsque l’on est chez un ami et que l’on s’y sent bien, la question de longueur ne se pose pas. D’ailleurs je ne le trouve pas long, deux CD de chacun 45 minutes… Similarité non : le travail que j’ai effectué sur cet album est justement celui du détachement, d’un ailleurs plus qu’une similitude ; et pour l’envoûtement, je ne suis pas le mieux placé pour le dire.

PP : Merci … des questions plus incisives pour changer de l’interview plastique conventionnel où tout est bon ; ici on parle avec un artiste, un créateur musical qui a mis ses tripes dedans et qui ne sait pas comment il sera perçu, l’interview étant là pour aider le fan de musique élaborée à se jeter dessus.)

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