SKY ARCHITECT est un groupe de musique un peu anachronique ayant sorti à ce jour 4 albums tous de très bonne facture. Un mélange de sons allant des premiers GENESIS à YES, des FLOWER KINGS, de SPOCK BEARD à PORCUPINE TREE et des BEARDFISH et autres OVERHEAD, des ambiances venant aussi des pays de l’Est avec des sons plus folk et sentant bon les musiques régionales et folkloriques; un son que les adeptes d’AL DI MEOLA ou Franck ZAPPA ont dû s’engouffrer il y a 10 ans.

En 2010, leur “Excavations Of The Mind” a donc défrayé la sphère musicale progressive en proposant une fusion avant l’heure entre tous ces standards précités; une fusion de rock progressif donc, de jazz, de pop, de métal, de musique en fait avec encore ici une pochette progressive du maître es dessin Mark WILKINSON. Le son a été remixé, quelques morceaux sont un peu plus énergiques selon moi, surtout les plus longs morceaux avec orgue mis en avant et solis plus appuyés, mais peut être est ce juste le mixage?

Les trois titres majeurs expriment toujours cette torture mentale et phonique que j’avais eu à leur première écoute avec des circonvolutions sur du jazz manouche, sur du vieux prog avec Mellotron divin, sur des ambiances créatrices des premiers SUPERTRAMP et GENESIS, sur des moments classiques tirant sur les sonates de BACH et aussi sur des sons plus new-wave comme ceux de THE CARS ou THE TALKING HEADS pour “Deep Chasm”. Pour “The Grey Legend “, c’est plus sur des variations symphoniques et orchestrales, un peu sombres par instants et une trame sur un fond de piano que le titre excelle. Sur “Excavation Of The Mind “, le titre éponyme de l’album, une ambiance là aussi à tiroirs avec des résurgences des vieux BLUE ÖSTER CULT en mode slow, un courant dans la lignée du maître ZAPPA, des tiroirs variés qui dénotaient à l’époque par l’inventivité et qui deviennent 10 ans plus tard presque normaux vu que la fusion vit maintenant dans l’esprit. Les titres ont un rendu plus syncopé avec de nombreux changements de tempo et une connotation tortueuse mais intelligente.

Pour les 2 plus courts,” Russian Wisdom” explorait un rythme énergique roumain ou bulgare, avec jazz manouche encore et air à la “pourvu Qu’elles Soient Douces” si, si, mais avec variation de rythme, tout ça pour dire que ça bouge pas mal même aujourd’hui; la version de 2020 a plus de sonorités avec perçus afro. “Gyrocopter” utilise le son zappaiesque voire celui d’AL DI MEOLA à outrance et de très belle manière en un peu moins de trois minutes avec alternance de piano et guitare. Pour les 3 inédits de 2020, la reprise de “The Grey Legend” ne change pas excepter qu’on est en live et que l’on s’en rend compte à la fin.” Russian Wisdom” est plus aérienne, plus douce en acoustique je lui donne ma préférence. Quant à “Gyrocopter” le son est moins éloquent dessus et ne donne rien de plus selon moi.

Le pourquoi d’une chronique normale et pas rapide part d’une évidence: déjà il sort en 2020, et il rappelle qu’il y a 10 ans, SKY ARCHITECT sortait un album essentiel et culte sur des sonorités progressives du XXIe siècle, tout simplement. Des belles mélodies, des breaks avec nombreux rebondissements, des arrangements fins avec tiroirs et une écoute qui se doit d’être approfondie pour en retirer toute la substantifique moelle, la création du rock des années 2020 en avance sur son temps. Sinon, le fait de le confronter aux sorties actuelles vaudra assurément le coup.

“Une nouvelle offre solide d'un groupe très digne qui plaira largement à ceux qui aiment leur rock symphonique avec un côté lourd et un sens de l'humour occasionnel”.