Yessss !! Le groupe désormais mythique et emblématique de l’immense et très varié univers du rock dit progressif, toujours en activité depuis 1968, nous revient avec une bien belle et agréable surprise musicale !! Un 23ème album en 2023 ! Quel heureux hasard ! Un signe bénéfique en tout cas ! Deux ans après le précédent très moyen « The Quest », il ressort de « Mirror To The Sky » nouvel opus de YES une très agréable impression de renouveau et même métamorphose ! Mais OUI, mais YES !!!

Autant aborder le sujet tout de suite, et même si certain(e)s ne veulent toujours pas l’entendre et préfèrent se focaliser dans leur carcan nostalgique (« Ah les années d’apogée du rock prog !! ») voire psychorigide (je ne vais probablement pas me faire des ami(es) par cette chronique, mais j’assume mes propos et la (bonne) critique fait toujours avancer), il est grand temps d’en terminer avec ces sempiternelles comparaisons et/ou affirmations stériles et lassantes du style : « Ah Oui, ou plutôt YES !?  Mais c’était bien mieux avant avec ou sans JON ANDERSON, ou RICK WAKEMAN, ALAN WHITE, TONY KAYE, PETER BANKS, PATRICK MORAZ, BILL BRUFFORD, TREVOR RABIN, TREVOR HORN, BENOIT DAVID, OLIVER WAKEMAN, IGOR KHOROCHEV… » Et j’en passe et des meilleurs (ou des pires) …

Tout comme pour ne citer que quelques exemples représentatifs maintes fois entendus dans des discussions à la sortie de concerts :….. MARILLION (pour ou contre FISH ou STEVE H ? Pour partager, il y en a qui préfèrent le Poisson mais à titre personnel je suis « omnivore mélomane », tant que la musique reste bonne, j’aime les 2 !), GENESIS (pro-GABRIEL ou pro-COLLINS ou pro-WILSON ? Levez-le doigt !!), IRON MAIDEN (pro- DI’ANNO ou pro-DICKINSON ou pro-BAYLEY ?? Levez la main !!)….. Et pourquoi pas Céline Dion sans…. du Céline Dion (Euh oui là pourquoi pas !), ou DURAN sans DURAN !??? Allez svp STOP !!! … Il faut savoir évoluer avec son temps et chaque artiste a su de toute manière inscrire sa pierre à l’édifice d’un groupe, quel que soit son style ou son approche et c’est ce qui fait la richesse de la Musique avec un grand AIME ! Chaque artiste ou groupe a, ou a eu, ses heures de gloire et ses heures de doutes ou de pages blanches….

A ce titre, YES n’est pas ici cette fois tombé dans le piège de la nostalgie, ou de la copie d’anciens titres glorieux, et ce malgré les dernières tristes disparitions de grands musiciens qu’étaient ALAN WHITE (batterie), et l’immense bassiste CHRIS SQUIRE. Sur cet album, YES se fait à nouveau groupe, et sans qu’un musicien ne surenchérisse sur l’autre, même si GEOFF DOWNES (CHROMIUM, THE BUGGLES, ASIA, YES) fait cette fois un peu trop discret aux claviers. Pourtant, STEVE HOWE, le guitariste leader et présent dans le groupe depuis officiellement 1971, aurait pu être tenté de mener seul et égoïstement le drapeau « Yessien » du haut de son embarcation, d’autant qu’il produit à nouveau (comme sur « The Quest ») « Mirror To The Sky. Mais NON ! YES le groupe mouture 2023 fait du OUI, ou plutôt OUI le groupe mouture 2023 fait du YES !!! Et du bon YES en plus ! Que demander de plus !??

Le groupe a réussi le pari, non sans mal après la perte de leur batteur ALAN WHITE il y a quasiment jour pour jour un an déjà, de sortir un nouvel album en gardant le son et le style très identifiables de YES mais aussi tout en sachant proposer de nouvelles choses, inédites et aller de l’avant. Même s’il y aura toujours des « détracteurs à visières » au tournant de chacune de vos sorties studio, là sincèrement…Chapeau messieurs !

L’album est étrangement divisé en 2 parties (une de 47 minutes et une autre de 16 minutes) pour un total de plus d’une heure, sans jamais être lassant. A savoir que la seconde partie est entièrement écrite par STEVE HOWE lui-même. Et il se fait sacrément bien entendre sur l’album entier ! Plus forcément de solo guitare comme autrefois (« The clap »), mais une belle et intelligente mise en avant de la six-cordes et aussi d’autoharp (communément appelée aussi Chord Sitar) et cela s’entend, sans pourtant étouffer les autres musiciens, mais en belles et judicieuses harmonies.

L’album, sorti officiellement le 19 mai 2023, débute par les deux singles successifs : « Cut From the Stars » (sorti le 10 mars 2023) et « All Connected » (sorti le 26 avril 2023). Le ton est donné d’emblée avec ses deux beaux titres. Le groupe s’est fait plaisir et il en ressort du positif en toute logique ! Le titre d’entrée a été inspiré par JON DAVISON lui-même lors d’une visite en compagnie de son père et son frère « d’une réserve de ciel étoilé » (DSP) au Joshua Tree National Park, un lieu sauvage préservé sans pollution d’éclairages artificiels si vous préférez. La magie ne s’est pas fait attendre aux yeux du chanteur, et en est ressortie une majeure partie écrite de « Cut From The Stars ». Titre introductif très dynamique et aux ondes indiscutablement positives. Le jeu de basse de BILLY SHERWOOD n’aurait pas déplu à son mentor CHRIS SQUIRE, c’est vous dire la qualité de jeu et de production. Un beau petit solo de claviers de GEOFF DOWNES vient fort à propos vers la fin du titre.

S’en suit le second single et bien choisi « All connected » et franchement on ne s’en lasse pas même s’il dépasse les 9 minutes au compteur, titre à écouter en boucle ! Le refrain guitare est simplement beau ! Oui nous sommes bien connectés en effet avec ce titre proposé ! JON DAVISON au chant, sans chercher de commune comparaison mal placée avec ses prédécesseurs, est même bluffant, et excelle sur cette belle pépite musicale. JON DAVISON prouve ici qu’il a bien sa place désormais au sein de YES. De plus, comme sur la grande majorité de l’album, le « nouveau » batteur JAY SHELLEN (WORLD TRADE, GPS) (qui ne l’est finalement pas puisqu’il participe aux concerts dans le groupe depuis 2016) est incontestablement très bon techniquement, on ressent même l’influence bénéfique de feu ALAN WHITE lorsqu’il jouait en sa compagnie en studio ou sur les tournées. A ce propos, JAY SHELLEN, tout comme BILLY SHERWOOD, ont enregistré, par commodité, la majorité de leurs parties chez eux en Californie, même de nombreux titres ont été enregistrés sur le sol anglais dans l’Ouest du Sussex.

« Luminosity » nous éclaire par sa variété de jeux par la talentueuse formation, et sans oublier le magnifique accompagnement orchestral du FAMES Studio ORCHESTRA, dont leur partie fut enregistrée chez eux à cette occasion en Macédoine du Nord dans les BALKANS. Quelques passages me font indéniablement penser à l’album de 1973 « Tales From Topographic Oceans », ou sur le titre « Don’t Kill The Whale » sur l’album controversé à l’époque mais pourtant très bon « Tormato » sorti en 1978. On sent que le groupe s’est fait plaisir à le jouer et le composer.

Aux dires discutables de STEVE HOWE lui-même, l’intro de « Living Out Their Dream » aurait des inspirations des ROLLING STONES. Personnellement, la comparaison n’est pas évidente. Probablement le titre le plus faible et le moins attractif à mon goût sur l’ensemble de l’opus même si la rythmique est assez emballante, et le ton ironique (basé sur l’expression « Tongue-in-check ») volontairement choisi par son producteur guitariste.

Le titre éponyme de l’album «Mirror To The Sky » est le plus long de l’album (presque 14 minutes) et évidemment très épique et riche en musicalité ! Il faut prendre du temps pour relever et dénicher toutes les subtilités de sa composition : dès l’introduction instrumentale, on retrouve tous les ingrédients antérieurs des plus belles compositions épiques de YES. Tout au long de la progression de « Mirror To The Sky » l’orchestre accompagne judicieusement le groupe en particulier aux niveaux des violons qui donnent une belle ampleur à l’ensemble. Les cuivres y trouvent aussi leur compte. Une véritable composition digne d’une B.O de grand film….épique. STEVE HOWE y permute intelligemment, avec sa technique et son jeu propre à lui, guitare électrique et guitare acoustique. Une très belle pièce !

La 1ère partie composée par la collectivité de YES se conclut toute en douceur par « Circles Of Time », une très agréable ballade où même JON DAVISON, en plus d’être le principal chanteur, se prête à jouer de la guitare acoustique en compagnie de STEVE HOWE, l’orchestre FAME’s Studio Orchestra conduit par OLEG KONDRATENKO, et la voix de BILLY SHERWOOD en arrière-fonds.

La seconde partie de l’album, plus courte, est divisée en 3 titres composés uniquement par STEVE HOWE cette fois (peut-être justement une des raisons de les avoir séparés volontairement du reste de l’opus) : « Unknowm Place », assez rythmé, tient surtout l’originalité d’y entendre, dans les deux dernières minutes, des passages d’orgues par GEOFF DOWNES comme dans le mythique fabuleux final d’« Awaken » joué à l’époque par RICK WAKEMAN, extrait de l’album « Going For The One » (1977), et la comparaison n’est pas des moindres. « Magic Potion » clot “Mirror To The Sky” de manière à la fois optimiste et enjouée au travers d’un message très simple mais beau : l’amour est LA potion magique, solution à toute chose. On ne va certainement pas contredire cet adage, surtout en ces temps troublés. Ce qui est aussi certain est que la potion, ou plutôt la recette, des différents ingrédients contenus dans ce nouvel opus de YES est du plus bel effet ! Le groupe a de toute évidence eut besoin ici de reprendre le meilleur de « leur âge d’Or » tout en sachant se renouveler. L’énergie du groupe y est aussi présente et retrouvée.

On ressent bien une unité dans cette « nouvelle » formation et d’y écouter le plaisir de proposer un bien bel album ; ce dernier étant de plus magnifié par une splendide illustration à dominantes bleues et étoilées réalisée par ROGER DEAN, grand artiste habitué à travailler pour YES depuis « Fragile » sorti en 1971.