"Musicalement, je viens d'un monde où il faut oser faire quelque chose de différent alors... j'espère sortir un peu l'auditeur de sa zone de confort. Si elle peut atteindre et toucher une seule personne, je serai heureux. Mon ancien groupe UNEXPECT, qui a touché des dizaines de milliers de personnes dans le monde, me place dans une position assez humiliante : tout recommencer seul avec VVON DOGMA I. Je suis simplement heureux de sortir enfin l'album lui-même, c'est essentiellement moi qui rends hommage à chaque période différente et aux influences que j'ai eues dans ma vie, de l'Alternatif et du Nu-Métal des années 90 à la Musique Electronique et Ambiante Moderne et tout le reste. C'est très libérateur d'une certaine manière d'être l'auteur-compositeur principal parce que vous n'avez pas vraiment à vous battre pour vos idées, quoi qu'il arrive. C'est un aperçu de ma psyché. Au niveau des paroles, c'est très alimenté par des sentiments sombres qui m'ont suivi toute ma vie. Très personnel mais vague comme de la m…e."

"La plupart des musiques avec des instruments à tessiture étendue sont une question de technique. Je voulais faire avancer la basse à 9 cordes, mais me concentrer sur l'écriture de chansons plus que sur la théâtralité du manche’’. Frederik F dit ChaotH ‘’Voici une déclaration d’intention qui a le mérite d’être claire et de préparer l’écoutant) ce qu’il va découvrir’’. Métal progressif (au sens premier) avant-gardiste dirais-je. Peut-être même la création d’un nouveau style musical dans le genre. Une basse équipée de plus de deux fois plus de cordes qu’habituellement, très prépondérante. Des fûts frappés sèchement, en métrique impaire, un clavier très Electro, des voix trafiquées, VVON DOGMA I invente et cultive sa propre marque de métal progressif étrange. Repoussant les limites connues, le collectif y va, poussant les curseurs, utilisant les effets et dépassant ses influences/expériences – bien digérées au demeurant – pour cuisiner SA mixture et – partant – imposer SA signature. Pour un coup d’envoi c’est réussi ! Encore faut-il laisser à l’extérieur ses habitudes, pousser la porte et pénétrer dans leur monde étrange. Un moment d’acclimatation peut être nécessaire avant d’accéder à leur proposition musicale. Ensuite c’est la joie de la découverte, allant de surprises en surprises.

La première piste du disque aurait pu être « The Void » car c'est, de loin, le matériau le plus ancien composé et terminé. La majeure partie de cette chanson a été écrite il y a plus de dix ans. La conception sonore et l'introduction glitchy donnent une idée de dans quoi vous vous vous engagez. Pas mal d’auditeurs pourraient ressentir ce sentiment de vide intérieur, lorsque l’auteur est désespérément mélancolique. La première moitié de cette chanson aurait pu être pour UNEXPECT (l’ancienne formation). « Tabula Rasa », chronologiquement, est la 2e composition la plus ancienne. Il convenait d'avoir cette intro épique quelque part au début du disque. Tabula Rasa, signifie « repartir de zéro », était le titre de travail qui est resté définitif. C’est harmonique et influencé par toutes les vagues hardcore mélodiques du début des années 2000. L'un de mes morceaux préférés de ChaotH est « Triangles and crosses » car il trouvait amusant d'expérimenter des polyrythmies à la basse et de construire une pièce à partir de ces motifs. C'est un bon exemple de la façon dont la musique peut affecter les paroles. ChaotH précise qu’une partie de la façon conceptuelle d'écrire de RADIOHEAD s’y retrouve. « Day of the Dead », Résolument électronique, est dans la même veine, avec des tapotements et des riffs fous. Cette chanson a aussi eu son nom comme titre de travail (qui est resté) simplement parce que ce riff de tapotement principal a été trouvé le 1er novembre, qui, dans certaines cultures est le Dia the Muertos (jour des morts). Puis ça se transforme en une histoire de luxure et de suicide...

Le premier single est « One Eye » même s'il n’est pas représentatif de tout l'album. Parfois, il faut y aller avec quelque chose de différent. Cette pièce semble plus ludique, moins sérieuse que le reste plus sombre. Passons au paysage sonore… d'horreur (ce n’est rien de le dire), avec « Hivemind ». Lors de la dernière décennie, l'Ambient est le genre de musique qu'a le plus écouté ChaotH. Des artistes comme Ben FROST, Tim HECKER, William BASINSKI, Lorn et d'autres ont eu un grand impact. Une partie de ces influences ont été incorporées pour donner à l'album une pause... aussi horrible que soit cette pause ! ChaotH adore le morceau « Lithium Blue ». Il figurait sur l'EP « Communion » mais le besoin d'une meilleure production lui a donné une seconde chance. Des modèles de tapotement aigus complexes aux riffs de djenty « homme des cavernes » caractérisent la nouvelle mouture. « 2+2=5 » est un cover assez improbable de RADIOHEAD. Le morceau a été réorganisé pour en faire quelque chose de différent, celle-ci a été tordue à la manière VVON DOGMA I. « Hurt » pourrait résulter d’un MARS VOLTA et DILLINGER ESCAPE PLAN s’ils enfantaient un bébé avec HORSE THE BAND suppose le compositeur. Il a des pensées bizarres comme celle-là et les mets en pratique. L'épopée du disque est « The Great Maze » influencé par le format d'enregistrement d’UNEXPECT avec un interlude et une longue finale épique. C’est, probablement, la chanson la plus folle dans le riff et la structure. Il fallait une grande finale !

Amateurs d’originalités, de créations hors des sentiers battus, de proposition musicale déconcertante; ceci est pour vous. Je conseillerai tout de même aux lecteurs moins aventureux d’y tendre une oreille accueillante; la surprise peut survenir à tout moment.