La grande ville de Hyderabad, au centre-sud de l’Inde, est le domicile d’Arka SENGUPTA, le cerveau et seul maître à bord derrière HOME BREWED UNIVERSE. Il nous présente ici son onzième album en cinq ans, son deuxième cette année. Le thème de l’album est celui de la solitude; celui dans la société où nous sommes tous seuls ensembles. Le héros de l’album semble soudainement réaliser que, plus il essaie de communiquer avec d’autres via les médias électroniques, plus il s’enlise dans une solitude qui l’étouffe tranquillement, le rendant de moins en moins capable d’échanger avec ses pairs et devenant aussi de plus en plus dépendant des IA pour dialoguer. Réalisant le piège dans lequel il s’est pris, notre héros se retrousse alors les manches et trouve de l’aide qui va l’encourager à briser ses murs (ça me rappelle un autre album…), combattre ses anxiétés et sortir de ses zones de confort. Ce combat pour sa survie ne sera pas facile et, grâce aux vrais amis autour de lui, il s’en sortira mais en gardera des cicatrices.

Avec une introduction lente, triste et mélancolique, “Social Isolation” nous embarque tout de suite dans un état de solitude et de confusion. Le son HBU est toujours aussi unique, mélangeant le lourd et le mélodieux, son style de musique flirtant parfois avec celui d’un certain KRIZLA (ALWANZATAR/TUSMØRKE) mais avec un soupçon supplémentaire d’humanité ressenti. Le rythme augmente d’un cran avec “What It Means To Be Human” où la musique répétitive dominé par le sitar et la basse nous donne l’impression que le protagoniste se cherche et se remet en question. Il y a un petit côté mordant dans la musique de la pièce “Perpetual Manipulation” : le clavier un peu enfantin qui détonne de la guitare basse fait un effet monstre, comme si une voix d’enfant essaie de vous parler et qu’une voix grave d’un homme l’entrecoupe tout le temps. Non, je n’ai pas pris de substances quelconques, c’est comme ça que je le ressens. À l’inverse, “Introspection” est dominé par une musique plus sereine sur une guitare basse qui roule en arrière-plan, des sons plus clairs et beaucoup, beaucoup d’écho!

La musique de “Virtual Substitute” a un petit côté nostalgique, comme si notre héros a toujours espoir de trouver une parcelle quelconque d’humanité dans ses dialogues avec l’IA mais qu’il ressent plutôt de plus en plus l’absence, le vide autour de lui. La musique de “Everything Is Temporary” a un côté froid, insensible, linéaire, presque impitoyable : c’est très égal, sans fioritures, sans possibilité d’égayer le moment présent et avec un petit accent fataliste. “Dependency Cycle” est une pièce un peu Funk, avec la basse et la ligne de percussion qui ‘guident’ les effets de la dépendance du héros de l’histoire. On sent une perte de contrôle agilement dirigé par l’IA en lui faisant croire que l’euphorie va demeurer. Il semble y avoir une espèce de sentiment d’urgence lorsqu’on écoute la pièce “Commodify Connections”. Le son continu qui embarque à partir de 04 :10 en l’arrière-plan est agaçant et donne une sensation supplémentaire d’urgence en la matière. D’ailleurs, plusieurs des pièces sur cet album pourraient faire partie d’un film de genre “Thriller” tant l’intensité musicale est parfois au rendez-vous.

Chaque pièce de musique a une ligne conductrice répétitive qui nous ‘pose’ sur le chemin d’une émotion particulière dont le héros de l’album ressent à ce moment. Ceux qui aiment le son HOME BREWED UNIVERSE vont remarquer un léger adoucissement comparativement à l’album “Worldview” qui est sorti plus tôt cette année. Ceux qui aiment le son ressemblant plus aux projets de KRIZLA n’auront pas grand-chose à se mettre sous la dent. Ça ne veut pas dire que cet album n’est pas aussi bon; il est plus à l’image des émotions ressenties lors du parcours du protagoniste. Chose certaine, pour quelqu’un qui avait décidé de mettre sur pause son projet HBU, Arka SENGUPTA livre encore la marchandise avec cette création plus intrusive.