GIANT THE VINE est un groupe italien bâti autour de 2 amis guitaristes et qui nous avait surpris par un premier album très bien accueilli par la communité prog en 2019. 'Music for Empty Places' a requis 5 années de gestation et de labeur mais le résultat en valait la peine. Puisant son origine dans les classiques comme GENESIS et GENTLE GIANT mais décidément moderne dans la lignée de PORCUPINE TREE ou RIVERSIDE, le groupe offre un son instrumental riche, bien construit et dans des tonalités majoritairement sombres. La guitare m'a un peu rappelé NINE STONE CLOSE par ses tonalités et sa présence. Les arrangements sont complexes et les envolées spectaculaires.

Avec 'A Chair at the Backdoor’ le groupe démontre une belle progression et un son encore plus mature et élaboré. Les divers tableaux que l'album nous présente couvrent beaucoup de terrain et une belle agilité dans les variations de styles. Les 7 morceaux (2 de 3 minutes, 2 de 5 minutes, 2 de 8 minutes et 1 de 12 minutes) sont tous captivants. Le travail des invités ajoute une dimension indéniable, surtout le saxophone de EZECHIELI sur le premier et le dernier morceau.

L'entrée en matière de 'Protect Us from the Truth' fascine par son tempo fier et ses passages féroces, le mellotron fait un excellent travail et les éléments de prog classique passant de VAN DER GRAAF à KING CRIMSON via PINK FLOYD et ANEKDOTEN sont un bel exemple de ce que j'appellerais PROG FUSION. 'Glass' qui enchaîne est plus simple de structure mais mélodique à souhait. 'The Potter's Field' ouvre sur un registre hantant et menaçant et un thème de guitare répétitif hypnotique. 'Jellyfish Bowl' est peut-être le morceau le plus génésien (avec une touche floydienne) du lot, piano, guitare déchirante et mellotron puissant, 8 belles minutes. Suivent les 2 morceaux de 3 minutes : 'The Heresiarch' tonitruant et violent et en contraste absolu, 'The Inner Circle' avec piano lento, chœurs désarticulés et clip sonores de voix imprécises. Mais le meilleur vient avec le morceau éponyme : 'A Chair at the Backdoor', 12 minutes de délices. Une progression d'accords en arpège, un crescendo continue, une narration mystérieuse et, à partir de la sixième minute, des intentions nettement 'frippiennes', surtout quand les saxos s'emmêlent à la '21st century schizoid'.

En somme, l'album peut être un peu déroutant parce qu'il navigue sur toute la gamme historique du prog et suscite des souvenirs mystérieux et étranges. Mais l'effet est si subtil et transitoire et donne plutôt une impression de déjà entendu fugace comme un dans un rêve. Toute la beauté du disque vient de la danse intriquée des instruments, basse et batterie dynamiques, guitares expressives et atmosphère flottante surtout avec l'usage du mellotron. Donc beaucoup de bons moments, plus du néo-prog que du RPI et un groupe qu'il faudra continuer à suivre. Quand une écoute un peu exigeante. Pour les inconditionnels du prog et de la déconstruction musicale.