BEND THE FUTURE groupe français avant-gardiste né en 2019, du rock prog électro, jazzy, des Balkans oui je confirme; par instants heavy, à d’autres planant; musique protéiforme, entêtante et innovante; son rappelant SEVEN IMPALE en rock groovy-jazzy; soul, psychédélique, électronique, krautrock voire et progressiste de chambre pour leur 3e opus, inclassable.

« Desert Eagle » entame groovy avec duo batterie/sax des Balkans puis un synthé gras au fond laissant le fil de l’air se poser délicatement; arpège guitare et vocal aérien puis une ligne mélodique fluide féerique et un saxo heavy final, de tout mais bien fait et qui s’éloigne directement du rock conventionnel. « Jemlematür » hypnotique et spatial, électronique, inventif, un son prenant, envoûtant, métronomique mi jazzy, mi festif, mi new wave ça fait 33% ça; le côté planant devient obsédant, atmosphérique, sur un MASSIVE ATTACK, un EZ3KIEL avec une montée sympho enivrante. « Fall Apart » survient et change d’air; sombre, un groove inquiétant, sinueux, électro avant de laisser l’évolution jazzy au saxo; un son nouveau qui part loin du prog mais qui en garde l’âme avec des changements de tempo; mélodique avec ces instruments à cordes. « Somewhere Beneath » continue avec cette fois l’arpège basse sombre et le clavier fruité, la guitare sur de l’andalou rock, sur la rêverie, souvenir de KUSTURICA par instants avec le sax hypnotique; le piano cristallin et entêtant en crescendo adrénalytique, les notes arrachées aux instruments sonnent la charge d’une course poursuite endiablée zappatesque. « Vast » revient à un son plus calme; des voix en chœurs comme sérénades, instruments magmaïens plutôt; encore une trame musicale en mantra obsédant, plus près d’une musique de chambre andalou que d’un air progressif, plus près d’une danse du cobra que d’un air rock quel qu’il soit; montée encore avec un piano endiablé et un saxo débridé ne demandant qu’à hurler. « Miniature II » comme réponse au Miniature de ‘Without Notice’ pour un interlude rythmé de deux accords répétés, répétés comme une transe; un moment où l’aspect jazz-prog prend ici tout son sens. « Those Small Things » repart sur des sons électroniques cristallins, éthérés faits de réverbération telles des gouttes d’eau tombant d’une cascade; le quatuor se met alors en scène pour allier le tout, étonnant. « Not Even » entre les deux, harmonie guitare redondante, répétitive qui coule dans un puits sans fond; air contemplatif inédit qui allie le groove rock à l’atmosphère idyllique, un interlude cinématique ambiant bien accompagné de la batterie. « Now Is the Moment » pour l’erreur de l’album, chanté et cassant l’air; pourtant le synthé électro s’alliant avec le saxo met en transe et la guitare amplifie le son groovy électrique, funky, jazzy et rock de base; bon la voix laisse les notes angéliques d’un chœur et la digression, la progression intervient juste avant mi-parcours; un sax pin-pon arrive pour remettre en transe sur les Balkans et ça devient singulier et agréable à l’écoute.

BEND THE FUTURE fait fort; un son d’ailleurs, pas rock quoique, jazzy mais pas tout; ambiant oui mais; oriental oui mais pas seulement; festif et du cirque oui aussi; le moteur sur la batterie qui insuffle le rythme et laisse guitare et instruments à cordes nous enivrer de sons complexes, loin du rock mais diablement enjoué, moderne et fluide, une baffe musicale à la limite OMNIesque, inventive et inégalée, une fusion jazz-rock majeure.