EVELINE’S DUST est une formation de rock progressif italien qui est de retour avec son troisième album après cinq années d'absence, un opus qui fait suite à l'EP "Time Changes" de 2012, à « The Painkeeper » de 2016, et à "K" de 2019. Je dois avouer qu’initialement je ne connaissais pas ce groupe. Ils nous offrent ici huit chansons relativement courtes qui sont autant d'histoires de voyages, d'arrivées et de départs, toute chantées nonchalamment en anglais, et j'aurais probablement plus apprécié si elles avaient été chantées en italien, car c'est là que la bat blesse, le vocal n'ayant pas su trop me convaincre, avec un registre limité, sans amplitude, et une prononciation parfois approximative, qui nécessite souvent les textes écrits pour pouvoir suivre. Je me suis aussi demandé si le problème n'était pas relié à l'enregistrement, comme s'il y avait un filtre entre la voix et le micro.

Du point vu musical, cela se démarque bien par une attitude dynamique et fonceuse, solidement interprété, avec des passages très classes où l'on donne de l'espace et du temps aux arpèges, dans des constructions saccadées, offrant certaines ressemblances avec PORCUPINE TREE et HAKEN, mais cela reste malgré tout difficile à classer. Une équipe qui s'est lancée dans des expériences où l'on tente plein de choses dans des courts laps de temps. "Better Lie Bitter Life’’ en est un bel exemple, où l'on s’aventure dans un genre de "jazz funky hip hop crimsonien" au résultat déstabilisant, mais qui après plusieurs écoutes arrive à se faire apprécier. Même chose sur "Eveline", où l'on oscille entre minimalisme percutant et lourdeur psychédélique chaotique bien sentie. Dans "Crawl", une attitude électro surprend, avec un ostinato de basse, des cymbales en embuscade, et un passage vers un ton légèrement jazzy, et une finale en polyrythmie lourde saccadée qui constitue un des bons moments de cet album.

Ce qui ressort globalement tout au long de l'album, c'est le travail de l'excellent batteur qui se démène comme un diable dans l'eau bénite. Déjà, sur "Rising 2" et "Here There Nowhere", il fait bien ses preuves et rend ces moments géniaux, où une certaine rigueur crimsonienne s'impose. "Grace the Sound" met à l'honneur un délicat piano en mode balade doucereuse tranquille, très relaxante, où il ne se passe pas grand-chose, mais c'est bien rendu en mode intimiste. Le mode balade prend du galon quand la puissante voix de Mme MORETTO se mêle de la partie. Le contraste vocal est saisissant, tellement elle est douée, et se montre très révélateur en mode duo. Je m'étais également dit cela pour une autre formation d'ailleurs, où je constatais qu'une voix féminine serait plus agréable pour accompagner ce genre de compositions musicales.

Bon pour finir, les rythmes hachurés ont réussi à m'agacer, ainsi que le vocal sans lustre, mais plusieurs compositions demeurent très intéressantes, et se révèlent à la suite des écoutes successives, grâce à des performances instrumentales solides. Cela mérite un détour car ils ont tenté des choses qui sortent de l’ordinaire, c’est tout à leur honneur, même si le résultat est parfois inégal. Titres Préférés : "Here There Nowhere","Grace the Sound", "Void" et surtout "Returning Somewhere" où le travail vocal se montre supérieur, dans une composition multi-tiroir moderne, qui lorgne vers le "grunge". Bonne écoute !